Un débat émerge quant à une mise à contribution des retraités, soupçonnés de s’en tirer à bon compte aux dépens des jeunes générations. « Marianne » a réuni deux experts de cette épineuse question : Henri Sterdyniak, cofondateur des Économistes atterrés, et Charles Dennery, économiste et auteur de « Réformer (vraiment) les retraites » (PUF, 2024).
Marianne : Selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites, les retraités ont un niveau de vie à peu près équivalent au reste de la population. Est-il justifié alors que certaines de leurs dépenses soient plus faibles (transports, habillement, logement…) ?
Henri Sterdyniak : Les retraités subissent aussi certains surcoûts : ils paient notamment leur complémentaire santé plein pot, alors que celle des actifs est en partie prise en charge par l’employeur. D’une manière générale, les individus préfèrent lisser l’évolution de leur revenu, plutôt que subir une forte baisse à la fin de leur carrière. Que les retraités aient un niveau de vie proche des actifs est donc une réussite de notre modèle social, qu’il convient d’abord de mettre en valeur. Des statistiques montrent tout de même que les retraités épargnent une bonne partie de leurs revenus. Est-ce un signe que leurs ressources dépassent ce dont ils ont besoin ?