La situation a dégénéré dimanche en marge de la finale de la Coupe de Belgique entre Anderlecht au Club Bruges. Des supporters brugeois ont agressé des passants et vandalisé des commerces dans le quartier de Molenbeek, sur fond de racisme et d’islamophobie. Ces incidents font réagir la classe politique locale.
La finale de la Coupe de Belgique entre Anderlecht et le Club Bruges a été éclipsée par de violents incidents qui se sont déroulés dimanche dans le quartier de Molenbeek, à l’ouest de Bruxelles. Des hooligans brugeois se sont fait remarquer en agressant des passants et vandalisant des bâtiments, sur fond de racisme et d’islamophobie.
Un groupe d’environ cent individus, vêtus de noir, cagoulés et armés de matraques, a envahi les rues du quartier, où vit notamment une importante communauté d’origine marocaine. Des témoins rapportent des agressions violentes contre des habitants et des commerces, dont un magasin de carrelage. Alors qu’ils se rendaient au Stade Roi Baudouin, ces hooligans ont également attaqué des jeunes du quartier, qui ont répliqué en blessant plusieurs de leurs agresseurs. En marge des bagarres, certaines habitantes de Molenbeek ont porté secours à des hooligans allongés au sol, en leur apportant notamment de l’eau.
“Racailles”, “vermines”: la classe politique s’insurge
Si le Club Bruges s’est imposé sur le terrain face à Anderlecht (2-1), le club a condamné ces incidents racistes dans un communiqué, précisant qu’il “coopérera avec la police pour identifier les personnes impliquées”. “Le football ne doit en aucun cas être une couverture pour la violence”, a confié le club à l’agence Belga. “Des imgaes ont montré des présumés supporters en train de se déchaîner dans les rues de Bruxelles et autour du stade avant le match.” La police a déclaré avoir procédé à l’interpellation de plus de 60 personnes en lien avec les incidents d’avant-match.
Les agresseurs pourraient être issus des North Fanatics 13, ultras du Club Bruges, connus pour leurs positions d’extrême droite. “C’est très surprenant de voir que des supporters d’extrême droite organisés, structurés et connus puissent se promener comme ça dans Bruxelles, organiser des attaques contre des biens et des personnes et que la police n’ait pas été présente”, s’est étonné Jean-Michel De Waele, spécialiste du hooliganisme, auprès de RTL Info. “D’autant que l’emplacement même de l’attaque pose question, le quartier de Molenbeek n’étant pas sur le trajet direct vers le stade. “Il y avait la volonté certaine d’aller chercher les problèmes et d’aller casser de l’Arabe”, a poursuivi le sociologue.
Les affrontements de dimanche ont rapidement pris une tournure politique. Président du PS bruxellois, Ahmed Laaouej a dénoncé les “hordes de racailles supporters du FC Bruges” venus “casser et agresser des Bruxellois”. “D’autres vidéos et témoignages font état de blessés et d’au moins un homme inanimé. Que fait la police en Flandre pour empêcher ces gens de nuire chez eux et en déplacement?””, a-t-il écrit sur X.
“Les vermines qui sont venus salir Bruxelles doivent être punis! Comment se fait-il que la police de Bruges n’ait pas pris les dispositions nécessaires pour que ces voyous ne puissent pas faire le déplacement. Je demande au Ministre de l’Intérieur d’ouvrir une enquête interne”, a appuyé Ridouane Chadid, député fédéral et membre de la Commission intérieure. “Comment est-il possible de laisser des hooligans racistes et violents semer la terreur à Molenbeek?”, s’interroge Jamal Ikazban, député bruxellois socialiste. Christophe De Beukelaer, président des Engagés Bruxelle, a regretté l'”horrible spectacle” proposé à Molenbeek et a demandé “une réponse radicale” pour ceux “qui cassent, insultent, et blessent délibérément”.
Alors qu’Anderlecht et le Club Bruges doivent se retrouver le 18 mai prochain en championnat dans la capitale belge, la secrétaire d’Etat Ans Persoons a jugé qu’il était temps de donner un “signal fort”. Elle a demandé aux clubs et à la Pro League de prendre leurs responsabilités, indiquant que les supporters de Bruges ne doivent pas se déplacer. “Nous n’avons vraiment pas besoin de hooligans en liberté dans notre ville, merci beaucoup”.