Le président du tribunal prononce, comme c’est l’usage : « Vous jurez de parler sans haine et sans crainte. Dites, je le jure ». « Je le jure », répond le commandant de police de la Brigade de Répression du Banditisme (BRB). Dans la salle Voltaire du palais de Justice de Paris, sur l’île de la Cité, la matinée du 5 mai s’écoule en écoutant le long récit du chef des quinze policiers chargés de l’enquête sur le braquage et la séquestration de la star et du veilleur de nuit de l’hôtel où elle résidait.
Monsieur M., 62 ans et trente-cinq années de BRB au compteur, reprend le déroulé des faits de la nuit du 3 octobre 2016. Ses hommes arrivent à 4h50 au No Adress, établissement de la rue Tronchet dans le 8ème arrondissement. La BAC, dépêchée sur place après un appel de l’un des chauffeurs des Kardashian, a déjà entendu la victime principale, Kim Kardashian, 35 ans à l’époque. L’Américaine, traduite par le petit-ami français de sa sœur, a relaté les minutes terrifiantes qui viennent de s’écouler, la porte de sa chambre qui s’ouvre, les deux hommes cagoulés et armés qui surgissent. Ils se sont emparés de l’ensemble de ses bijoux, lui ont ligotée les poignets et les chevilles, l’ont bâillonnée et transportée jusque dans la salle de bain adjacente.