Plante trop grande, sens interdit, pied sous le siège… Les ridicules amendes infligées par la RATP

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Plante trop grande, sens interdit, pied sous le siège… Les ridicules amendes infligées par la RATP





















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Les contrôleurs RATP n’ont pas la côte sur les réseaux sociaux, surtout quand les amendes semblent complètement ubuesques.
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L’amende de 150 euros infligée à Salomée, dans les couloirs du métro, pour le transport d’une plante verte trop imposante, rappelle d’autres sanctions toutes aussi ubuesques infligées dans les transports ces dernières années. Témoignages.

On a peut-être touché le sommet du ridicule en matière d’amendes. Dimanche 6 avril, une jeune femme est contrôlée à la station République, à Paris, et est verbalisée dans la foulée : 150 € à payer immédiatement. Fraude, agression, incivilité ? Non, rien de tout cela. Salomé s’est vue infliger cette amende pour avoir transporté un « encombrant » volumineux dans le métro, à savoir une plante verte d’1,30 mètre de haut – qu’elle a astucieusement baptisée « Prune » depuis.

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Dans sa légendaire verve, la RATP a même justifié l’amende donné à la jeune fille, qui a pourtant ulcéré les internautes et usagers : « Bien que je comprenne vos interrogations, la RATP a instauré des règles. Le transport d’un objet considéré comme incommodant demeure bel et bien un motif légitime d’infraction.” Selon la régie de transport, “nos agents de contrôle ne peuvent évaluer les explications fournies car il y aurait trop de risques d’arbitraires. » Le service client du Réseau francilien d’ajouter, dans une réponse digne de la Commission européenne : « Les valises ou paquets divers doivent avoir une dimension maximum inférieure à 75 cm. Les paquets longs de 2 mètres au plus, mais ne mesurant pas plus de 20 cm dans leurs autres dimensions, sont autorisés à condition que vous les teniez verticalement. »

Cette histoire abracadabrante racontée par ici Paris Île-de-France (ex-France bleu) rappelle que comme Salomé, de nombreux utilisateurs des transports en commun sont verbalisés pour des raisons qui ont de quoi faire dérailler.

Contresens interdit

Cette anecdote est collective. En 2018, un usager furax balance sa frustration sur Twitter (devenu X) : « 60 € d’amende sans préavis pour une femme enceinte qui prend un couloir à contresens. Bravo pour ce racket facile. Par contre il y a toujours autant de mendiants réguliers, de fraudeurs sans tickets, de pickpockets… »

Dans la foulée, d’autres internautes, comme Lucile, abondent : « J’ai été verbalisée ce matin pour le même motif et par le même agent. Je suis juriste, je suis allée consulter les articles de loi et je n’ai pas trouvé l’interdiction relative au sens interdit. Faites comme moi, une réclamation à la RATP et au ministère des transports ! #racket »

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Là encore, la RATP s’obstine : « Bonjour Lucile, je suis navré de la situation. Cependant il est vrai que passer par un sens interdit est verbalisable. Si vous souhaitez contester votre infraction, je vous invite à faire un mail » Encore plus ridicule, à une autre internaute qui souligne le grotesque de la situation, le service client de l’opérateur relance : « Bonjour Anne, je suis navrée que cette situation vous étonne, mais c’est la réglementation en vigueur. Au même titre que le franchissement d’un sens interdit en voiture la personne en infraction est, par conséquent, verbalisable. » Pour l’instant, personne n’a été contrôlé en situation d’excès de vitesse dans les couloirs de Châtelet-Les Halles. Ouf.

Bip-bip

Auprès de Marianne, Suzanne*, travailleuse résidant à Saint-Maur-des-Fossés, témoigne d’une déconvenue survenue entre le RER et le métro parisien, à l’arrêt Gare de Lyon. Détentrice d’un pass Navigo annuel à près de 90 euros par mois, elle confesse avoir profité de l’ouverture des portes, près des portiques de sécurité, pour se faufiler sans biper son pass, pour éviter une énorme attente face à l’affluence des heures de pointe. Ni une ni deux, elle se fait « cueillir par un contrôleur ».

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La sanction tombe : 60 euros d’amende pour ne pas avoir passé le pass sur la borne magnétique. Après coup, l’usager se décide de faire une réclamation, en effet, l’amende prévue pour ce genre d’infraction est de 35 euros, loin des 60 euros qu’elle a payés. Mais « aucun retour », pour une raison toute aussi frustrante : « Il n’était pas possible de faire une réclamation pour une amende déjà payée ! » Toujours amère, Suzanne taquine : « Ça donnerait presque envie de frauder… »

Vandalisme soft

Autre témoignage recueilli par Marianne, celui de Laure, cheffe d’entreprise vivant à Antony. Alors qu’elle prend le RER B pour se rendre à Paris, assise jambes croisées, son pied touche « le dessous du fauteuil en face, sans personne dessus ». Une contrôleuse approche, Laure, inconsciente de la terrible infraction qu’elle est en train de commettre ne réagit pas, et le couperet tombe : « [La contrôleuse] m’a dressée une amende de 90 euros pour dégradation de matériel. J’ai halluciné. » Elle essaie de justifier sa situation. C’est peine perdue. « Aucune discussion possible », se souvient-elle : « J’ai senti que j’étais la gentille dame de 50 ans qu’on pouvait aligner tranquillement… » Le comble revient dans le témoignage de Laure : « C’était l’époque post-Covid : masque obligatoire dans le métro. Le groupe de jeune non masqué dans la rame n’a pas été inquiété. » Eux, au moins, n’ont pas dramatiquement mis en danger l’intégrité physique du RER…

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Trois jours de trop

2019 : une fillette de 4 ans et trois jours – les 72 heures de trop sont importantes –, prend le RER A avec ses parents. Ses parents, persuadés d’être dans leur bon droit, ne prennent pas de ticket de métro pour la fillette. Quelques mètres plus loin, contrôle inopiné des agents de la RATP : 100 euros d’amende pour la jeune délinquante en herbe.

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Le motif ? Les transports en commun sont gratuits pour les enfants jusqu’à 4 ans, pas 4 ans révolus, comme le rappelle le site d’information Actu.fr. À trois jours près, l’enfant est donc passé d’usager au transport gratuit à fraudeuse. Révoltés par la situation, les parents contactent alors Marie-Anne Jacquery, déléguée du Défenseur des droits en Seine-et-Marne pour essayer de faire annuler l’amende. Depuis septembre de la même année, les parisiens âgés de 4 à 11 ans bénéficient des transports gratuits, au lieu du demi-tarif qu’ils devaient payer avant, ce que la fillette n’a pas fait. Tolérance zéro pour les (tout) petits délinquants.

En mars 2024, le Parisien expliquait que les agents ont toutes les raisons du monde de multiplier les amendes, même farfelues ou décorrélées du bon sens : « Selon nos informations, dans le métro ou le RER, les agents qui verbalisent perçoivent, chaque mois, 10 % de la recette globale des amendes dressées par leur équipe qui ont été payées sur place par les usagers. » Dans l’article, un contrôleur sous couvert de l’anonymat confirme : « Ça pousse à faire des PV ».

Salomé et sa plante Prune l’auront remarqué. Au fait, selon le témoignage de la jeune femme : suite à l’amende – réglée sur place –, elle a été autorisée à reprendre le métro, toujours plante au bras. À croire que le danger qu’elle représentait n’était pas si cataclysmique…

*Les prénoms ont été modifiés


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