En attendant de se doter des moyens de résister réellement aux ingérences, aux pressions et à la guerre hybride que nous mènent les carnivores de ce monde, les nations européennes doivent s’imposer à la table des négociations avec comme objectif un gel du conflit et la définition de véritables garanties de sécurité, estime notre éditorialiste Natacha Polony.
Les États-Unis ont gelé l’aide à l’Ukraine et les Européens s’agitent. Donald Trump amplifie sa destruction brutale de l’ordre international policé tel que le rêvaient les mêmes Européens, et l’on voit se réveiller ceux qui, pendant trente ans, ont considéré que le fameux « parapluie américain » suffisait et que les appels à une indépendance appuyée sur des capacités militaires et industrielles relevaient des vieilles lunes « souverainistes ».
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Osera-t-on rappeler à tous les brillants stratèges français qui s’expriment aujourd’hui qu’ils ont – gauche et droite confondues – baissé les crédits de défense (à l’exception notable d’Emmanuel Macron) et affaibli la filière nucléaire française, avantage compétitif majeur pour nos entreprises et pilier essentiel sur lequel s’adosse, en matière de compétences et de formation, le nucléaire militaire (faute dont sont comptables Emmanuel Macron et Édouard Philippe autant que François Hollande) ? Mais au moment où le monde bascule, on ne s’appesantira pas sur le passé. L’avoir en tête peut tout au plus éviter d’être dupe des déclarations lyriques et permettre de débusquer les platitudes sous les airs pénétrés.