Pour la petite ville de Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône, l’annonce par Emmanuel Macron de l’arrivée de deux escadrons de Rafale à tête nucléaire d’ici 2035 est une chance. Et le fruit aussi bien d’un lien de longue date avec la base aérienne que d’un intense travail de lobbying.
C’est joli, Luxeuil-les-Bains. Ce côté « Mitteleuropa », le soleil qui joue entre les branches des arbres, le parc soigneusement entretenu et aménagé, et au milieu, orgueilleux et bienveillant, le bâtiment en grès rose du centre thermal, construit à la fin du XVIIIe siècle. Tous les matins, cinq cents curistes viennent se soigner avec ses eaux chaudes, que l’on capte dans la roche, à cinquante mètres de profondeur. Il y a un casino, des hôtels, des restaurants. Et pourtant, une impression d’entre-deux, un équilibre instable, comme si la ville se trouvait sur le fil. Le département de la Haute-Saône, région de Franche-Comté, à la croisée des Vosges, du Jura et de la Lorraine, qui fut industriel, textile et acier, a vu nombre d’usines disparaître, et se bat pour tenir.
Des grands bâtiments fermés, murés avec des planches, témoignages d’une splendeur passée. « Vous auriez vu à l’époque, c’était bondé tous les jours à l’heure du déjeuner », confie un habitant qui évoque des années 70-80 mythifiées, pas si lointaines et qui semblent appartenir à un monde révolu. Dans les rues du centre, comme un peu partout en France, des enseignes qui cherchent un repreneur, des boutiques à louer. Mais aussi des boulangeries très fréquentées, et des épiceries fines. Beaucoup de personnes âgées, mais beaucoup de jeunes. En plein milieu de Luxeuil, l’Ecclésia, une cité archéologique ultramoderne, abrite des vestiges gallo-romains. Sous terre, on a trouvé les restes d’une église paléochrétienne, et des dizaines de sépultures. À la place du parking prévu, on a donc construit un musée ultramoderne, qui évoque les aventures des moines de la région, arrivés d’Irlande sous la houlette de saint Colomban, aux alentours de 590.