Les partenaires sociaux s’attaquent au nerf de la guerre. L’ordre du jour, ce jeudi, du « conclave » prévoit d’évoquer l’« âge, la durée et la retraite », mais il ne s’agira pas de se focaliser uniquement sur l’âge légal, a précisé Jean-Jacques Marette, ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, qui faisait sa première apparition publique depuis sa nomination par le Premier ministre. « On va parler des âges de la retraite, parce qu’on voit bien que la notion d’âge est extrêmement complexe », a-t-il expliqué devant la commission des Affaires sociales du Sénat.
Outre l’âge légal d’ouverture des droits (64 ans), il existe «tout un panorama »de notions à examiner, comme« les dérogations »,« l’âge d’annulation de la décote »ou encore« les carrières longues », a détaillé l’expert.
Des sujets susceptibles de faire consensus
Interrogé par les sénateurs sur les pistes d’accord possibles entre partenaires sociaux à l’issue des trois mois prévus de discussion, cet énarque de 73 ans n’a pas voulu répondre. Mais il a laissé entrevoir quelques sujets susceptibles de faire consensus.
S’agissant de l’usure professionnelle,« il y a sans doute quelques sources de progrès dans l’articulation »entre la prise en compte de cette usure et les mécanismes des carrières longues, a-t-il indiqué.
Pour améliorer la situation des femmes, dont les pensions sont en moyenne inférieures à celles des hommes et qui partent en retraite plus tard, les partenaires sociaux pourraient « s’interroger » sur l’âge de suppression de la décote, fixé aujourd’hui à 67 ans.« C’est un des sujets sur lesquels nous apporterons de la matière, et puis après, les partenaires sociaux verront comment l’utiliser », a-t-il ajouté.
Sur le travail à temps partiel, qui concerne également souvent les femmes, des « mécanismes permettant de continuer à cotiser à temps plein » pourraient être envisagés.
Par ailleurs, les partenaires sociaux pourraient formuler des propositions sur le pilotage futur du système des retraites, pour lui permettre de mieux s’adapter aux évolutions démographiques et économiques, a estimé Jean-Jacques Marette. « Je ne suis pas très pessimiste sur le sujet, parce que je pense que c’est peut-être un domaine où ils peuvent se mettre d’accord plus facilement que sur des mesures plus polémiques », a-t-il déclaré.
Des réunions chaque jeudi jusqu’à fin mai
La concertation sur les retraites a débuté la semaine dernière, lors d’une première réunion consacrée à la fixation du programme de travail. Le syndicat FO a cependant claqué la porte dès le premier quart d’heure, dénonçant une « mascarade ».
François Bayrou avait alors évoqué l’éventualité d’un référendum, avant qu’Emmanuel Macron ne tempère cette hypothèse. « La Constitution est claire dans ses termes et j’aurai à m’exprimer au bon moment », a déclaré le chef de l’État, en référence à l’article 11 de la Constitution, qui stipule que c’est au président de la République de soumettre un projet de loi à référendum, sur proposition du gouvernement ou des deux assemblées. Surtout, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité « de faire les choses dans le bon ordre ». Il a rappelé que « sur la base d’un cadrage établi par la Cour des comptes, un dialogue a été relancé » avec les partenaires sociaux.
Syndicats et patronat doivent se réunir chaque jeudi, au moins jusqu’à la fin du mois de mai. François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement.
(Avec AFP)
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