Alors que le Parlement s’apprête à rouvrir le débat sur la fin de vie et sur l’éventuelle légalisation d’une aide active à mourir, « Marianne » a poussé la porte d’un lieu où l’on accompagne sans hâter. À la maison médicale Jeanne-Garnier, plus grande unité de soins palliatifs d’Europe, la mort ne se provoque pas : elle se prépare, dans le soin, l’écoute – et parfois même la joie.
Depuis que ses deux filles jumelles lui ont lancé qu’elle était « trop bien ici », Julie compare sa chambre à celle d’un village vacances. Il est vrai que l’équipement est confortable. Et que son fauteuil en cuir flambant neuf, monté sur de grosses roues tout-terrain, ressemble à un buggy de plage. Quand on va bien, on est loin d’imaginer que respirer l’odeur des arbres puisse un jour dépendre d’un tel engin.
Julie a vécu 54 ans en bonne santé, dans son éternel 13e arrondissement. Une vraie Parisienne, qui travaillait à la CAF. Quand elle l’a croisée, la maladie ne l’a pas contournée. Et Julie ne contourne pas la vérité : elle sait qu’elle vit les derniers jours du reste de sa vie, les traverse sans illusion ni plainte. « Je sais que je suis en fin de vie, mais je n’ai mal nulle part. Donc je vis les jours les uns après les autres », dit-elle, allongée sur son lit, crâne dégarni, sourire en coin, humour « sarcastique » en bandoulière pour « déconner avec les infirmières ». Avec cette force difficile à nommer, propre à ceux qui rient encore à l’orée de la fin.
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