Les bonus des professionnels de Wall Street sont appelés à connaître un déclin cette année, alors que l’incertitude économique et géopolitique continue de freiner les transactions, selon un rapport du cabinet de conseil Johnson Associates. Les perturbations liées aux politiques commerciales de l’administration Trump et la volatilité des marchés ont plongé l’industrie bancaire dans une phase de ralentissement significatif estime le cabinet.
Depuis le début de l’année, les activités de la banque d’investissement ont été particulièrement affectées, avec un report des introductions en Bourse et une réduction des fusions et acquisitions. Après les annonces de nouveaux droits de douane par Donald Trump, les entreprises se montrent de plus en plus hésitantes à prendre des décisions majeures, ce qui a exacerbé le ralentissement des marchés.
Une baisse significative pour certaines activités
Johnson Associates prévoit une réduction des bonus pouvant atteindre 10 % cette année pour de nombreux banquiers et financiers. Alan Johnson, fondateur du cabinet, explique que la crainte majeure des acteurs du secteur est de voir une paralysie des marchés : « Les banquiers redoutent un gel total des activités des clients, avec des entreprises qui choisissent de ne plus investir, acheter ou vendre. Cela prive les banques des commissions essentielles à leur fonctionnement », indique-t-il. Selon lui, plus l’incertitude persiste, plus l’impact économique sera profond.
Dans le pire des scénarios, où l’activité économique continue de ralentir et où les transactions se tarissent, les bonus des banquiers pourraient chuter jusqu’à 20 %. Cependant, un apaisement des tensions commerciales et une clarification des politiques tarifaires pourraient potentiellement stabiliser les primes, voire les augmenter légèrement.
Volatilité et… opportunités pour les traders
Tous les acteurs de Wall Street ne seront pas égaux face à la baisse des bonus. Ceux spécialisés dans le marché actions pourraient enregistrer une chute pouvant aller jusqu’à 20 %. En revanche, les acteurs du conseil, les hedge funds et la gestion d’actifs devraient voir leurs primes réduire de 10 % en moyenne.
Certains secteurs connaissent à l’inverse un retournement favorable grâce à la volatilité accrue des marchés. Les traders et banquiers implantés dans le domaine du trading sur actions pourraient bénéficier d’une augmentation des bonus allant jusqu’à 25 %, suivie par une hausse de 20 % pour les transactions sur obligations. Les professionnels de l’émission de dettes pourraient, quant à eux, voir leurs incitations croître de 10 %.
Les fusions et acquisitions au ralenti
Le secteur des fusions et acquisitions (M&A) enregistre également des signes de faiblesse. Le nombre d’opérations signées en avril a chuté à son plus bas niveau en plus de 20 ans, selon des données compilées par Dealogic. Aux États-Unis, seul 555 contrats ont été conclus le mois dernier, un chiffre comparable à ceux observés en mai 2009, durant la crise financière mondiale.
Le ralentissement des fusions-acquisitions et l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale font peser des risques considérables sur l’industrie financière. Toutefois, les secteurs les plus exposés à la volatilité des marchés restent les mieux placés pour voir leurs primes croître dans ce contexte d’instabilité.
(avec Reuters)
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La Tribune