Après la mise au point de John Textor sur la gestion économique et financière de l’OL dans un communiqué publié ce jeudi soir, l’inquiétude est en train de gagner les supporters. Le groupe de supporters des Lyon 1950 vient de réagir dans un communiqué.
Au lendemain de la lettre qu’il a adressée dans la nuit aux supporters sur ses réseaux sociaux, le constat est clair: John Textor a manqué sa cible. S’il voulait rassurer, il a, au contraire, creusé le fossé avec sa communauté. D’où cette question : a-t-il fait couler la goutte d’eau de trop qui fait déborder désormais le vase? Serait-ce la cerise sur le gâteau indigeste pour les supporters lyonnais?
Une chose semble établie à l’écoute de bon nombre de supporters, installés à Lyon ou dans toute la France, par RMC Sport: la peur ressentie à l’automne 2023, quand le club occupait la dernière place du championnat, revient à grand pas: “L’Olympique Lyonnais est en train de mourir. Et c’est John Textor qui tient le couteau”, résume Julien, fan en colère quand un collègue des tribunes dresse un constat factuel: “Je n’ai aucune confiance dans ses justifications. En deux ans, Textor c’est: deux directeurs généraux, quatre entraîneurs, deux directeurs financiers, une dette augmentée de 140 millions, une rétrogradation administrative et une interdiction de recruter…. Et 0 titre!”
“Dès qu’il fait une conférence pour nous rassurer, c’est tout l’inverse qui se produit”
Charles se fait le porte parole de beaucoup: “La communication est désastreuse, depuis deux ans, dès qu’il dit quelque chose, dès qu’il fait une conférence de presse, pour nous rassurer, c’est tout le temps l’inverse qui se produit. C’est tout le temps l’inverse qui est là.”
Et Alexandre, chef d’entreprise lyonnais, d’enfoncer le clou de la méfiance: “C’est beaucoup de communication”, constate-t-il. Je suis inquiet car il n’y a rien de concret dans ce qu’il dit. Je ne m’interdis pas, cependant, de penser qu’il y a aussi des gens, qui en sous-main, sont bien contents de notre situation. Reste que les chiffres parlent.”
Quand les institutions le ramènent sur terre: “Aurait-il enfin compris qu’on ne rigole plus?” coupe Mickael, un technicien dans un gros club amateur de Rhône-Alpes. “Sa communication floue, où personne ne sait où il va amener aujourd’hui les instances se réveillent. Et il se rend compte qu’on ne rigole plus avec le système français et européen.”
Beaucoup s’interrogent: “Ce rapprochement avec le PSG interpelle, il doit être aux abois pour aller sonner à sa porte”, constatent, en chœur et sans se connaître des fans, éparpillés dans tout l’hexagone. Greg, fan de la première heure, affine l’impression générale: “Son passage au PSG a été très mal pris par les supporters même si personnellement, ça m’indiffère. Je pense que c’était plus de la communication à l’échelle de la Ligue qu’autre chose.”
“Je n’ai jamais vraiment eu confiance”
Au cœur de cette méfiance généralise, Ludovic veut quand même voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide: “Maintenant, factuellement parlant, on est à un mois et demi de la deadline du 30 juin, où il faudra présenter des comptes un petit peu plus au vert. C’était important qu’il parle. C’était, à mon sens, également important qu’il aille au Parc des Princes avant-hier, afin de faire un peu de lobbying, tant auprès de Nasser Al-Khelaïfi, qu’au niveau de l’UEFA, qui était présent, et je crois même au niveau du président de la DNCG, qui était également en place. Donc, les nouvelles ne sont pas réjouissantes. C’était important qu’il expose son point de vue, à mon sens. Évidemment, c’est sa vision des choses.”
Pour Charles, ce n’est que la suite de sa méfiance: “Je n’ai jamais vraiment eu confiance, dès la vente qui s’est éternisée, même si finalement elle a eu lieu. Et je me demande où sont passés l’argent de la vente de joueurs, de l’Arena multifonctions, d’OL féminin, de la franchise féminine aux USA…”
D’ailleurs, l’argent au cœur de sommes folles et d’explications comptables, très difficiles à comprendre de la plupart des suiveurs, quels qu’ils soient: “L’argent, je pense qu’il n’en a pas”, estime encore Charles. “Clairement, il n’en a pas et il joue là-dessus et il parle beaucoup d’argent qu’il n’a pas.”
Mais plus que l’argent, c’est une (non) compréhension de ce qu’est “son” club qui perturbe Julien, qui espace de plus en plus ses voyages au Groupama Stadium: “Ce type n’a rien compris à notre club, à notre histoire. Depuis son arrivée, c’est un festival de décisions incohérentes, de promesses bidon et de communication arrogante. Il parle comme un patron de multinationale, déconnecté de tout, méprisant, comme si on était trop stupides pour voir ce qu’il manigance. Il nous prend pour des ânes. Et il le fait sans honte. L’OL n’est plus une famille, c’est devenu une marchandise. Un actif dans les mains d’un businessman qui n’a aucun respect pour l’institution.”
D’où une petite musique entendue, très souvent en écho entre Rhône et Saône: “Qu’il parte. Avant qu’il n’achève ce qu’il reste encore de vivant dans ce club.”
Et si la porte de sortie, c’était le prêteur, Ares, le fonds de pension qui a ouvert des lignes de crédit (405 millions de dollars (382,1 M d’euros) à 13% qui rachèterait sa mise et écarterait le président actuel: “En trois ans de Textor, à chaque fois qu’on parle de lui, que ce soit nous les supporters, vous les médias ou les suiveurs de football, il n’y a pas un moment où on parle en positif de lui. Et je pense que c’est ça qu’il faut retenir. C’est que dès que le nom de Textor parle aux gens, c’est toujours sur du négatif, c’est toujours sur de la dette, c’est toujours sur la gestion à l’américaine.”
Le groupe “Lyon 1950” a réagi via un communiqué
Evoquer Textor à l’imparfait? Greg a son idée: “On s’est longtemps interrogé sur ce que valait John Textor, si c’était quelqu’un qui avait une clairvoyance ou un pipoteur. Je pense que désormais, tous les supporters ont l’impression que c’est un pipoteur. Il cache la poussière sous le tapis, il est dans le déni, met en place des punchlines, mais finalement, quand il s’agit de faire du concret, il n’est pas là. Je pense qu’il a un peu trop besoin de prendre la lumière, raison pour laquelle il évince à tour de bras les directeurs généraux.”
Et Greg de rejoindre Charles: “Je pense que désormais, tout le monde n’attend qu’une seule chose, c’est qu’Ares le dégage. Mais pour quel avenir? Ça, c’est la question. Je me dis peut-être qu’il faudrait que Michel Kang sorte le chéquier et réunisse à nouveau les filles et les garçons. Sinon, Ares, ça peut être une situation transitoire, mais dans tous les cas, il va falloir faire quelque chose parce que ce monsieur joue avec l’argent des autres.”
Reste un rendez-vous coché sur l’agenda de tous les fans: ce samedi à Monaco (21h). Et Ludovic résume: “Actuellement, le climat est assez compliqué, et il va falloir, quoi qu’il en soit, décrocher une place en Europa League d’ici la fin de la saison. Et là, le match de samedi soir est capital.”
Suite au communiqué publié par l’OL et John Textor ce jeudi, le groupe de supporters “Lyon 1950” a tenu à répondre au club, ce vendredi: “Un certain nombre de questions méritent dorénavant des réponses que n’apporte pas le dernier communiqué en date du jeudi 8 mai, celui-ci oscillant entre flou et sensastion de déjà-vu.”