Le plafond de la dette est une limite légale fixée par le Congrès américain sur le montant total que le gouvernement fédéral peut emprunter pour financer ses activités. Une fois ce plafond atteint, le Trésor ne peut plus émettre de nouvelle dette sans une autorisation explicite du Congrès.
Cette règle, unique au monde, transforme régulièrement la gestion de la dette publique en enjeu politique majeur, chaque relèvement ou suspension donnant lieu à de vifs débats partisans.
Mesures extraordinaires et compte à rebours
En janvier 2025, les États-Unis ont atteint le plafond de la dette, fixé à un peu plus de 36.000 milliards de dollars.
Depuis, le Trésor a mis en œuvre des « mesures extraordinaires » : suspension de certains versements à des fonds de retraite ou de santé, gel de dépenses non essentielles, etc. Ces ajustements techniques permettent temporairement d’éviter un défaut de paiement, mais leur efficacité est limitée dans le temps.
Selon Bessent, il existe une « probabilité raisonnable » que ces mesures et les liquidités disponibles soient épuisées en août.
Un enjeu politique et économique
Le Congrès, à majorité républicaine, peine à s’accorder sur les modalités d’un relèvement ou d’une suspension du plafond de la dette. Ce blocage n’est pas nouveau : depuis les années 1990, le plafond de la dette est devenu un instrument de pression politique, utilisé par les deux partis pour obtenir des concessions sur les dépenses publiques ou la fiscalité.
L’histoire récente montre que repousser la décision jusqu’à la dernière minute peut avoir de lourdes conséquences : en 2011, l’agence Standard & Poor’s avait abaissé la note de crédit des États-Unis après une crise similaire, privant le pays de son prestigieux AAA. Un défaut de paiement, jamais survenu à ce jour, aurait des répercussions catastrophiques sur l’économie américaine et mondiale, provoquant chaos sur les marchés financiers, perte de confiance des investisseurs et hausse des taux d’intérêt.
Le débat sur le plafond de la dette s’inscrit dans un contexte de dégradation structurelle des finances publiques américaines. Le déficit fédéral, qui dépassera 6 % du PIB en 2025, est alimenté par la hausse des dépenses obligatoires (santé, retraites), la charge croissante des intérêts et une dynamique de recettes fiscales insuffisante. Le ratio dette/PIB devrait atteindre 100 % en 2025 et 118 % en 2035, selon les projections officielles.
Prochaines étapes et incertitudes
Si le Congrès ne parvient pas à un accord d’ici la mi-juillet, les États-Unis pourraient se retrouver en cessation de paiement dès août ou septembre 2025, selon le Bureau du budget du Congrès. L’issue dépendra des négociations politiques et de la capacité des élus à dépasser les clivages partisans pour préserver la stabilité financière du pays.
« L’incapacité à voter un texte d’ici août sèmerait le chaos dans notre système financier et affaiblirait la sécurité et le standing des États-Unis », a insisté Scott Bessent.
La question du plafond de la dette reste ainsi un test crucial pour la gouvernance américaine et la confiance des marchés mondiaux déjà sérieusement ébranlés par les premiers 100 jours de Donald Trump.
(avec agences)
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