Les ouvriers s’affairent sur le chantier à Estillac, le long de l’Aéroport d’Agen. Il ne s’agit pas encore des travaux de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, qui passera à quelques centaines de mètres, mais de l’extension de l’usine et des entrepôts d’Ultra Premium Direct. Située sur l’Agropole d’Agen, cette PME qui fabrique et vend des croquettes pour chiens et chats pousse les murs pour répondre à une demande en forte croissance. De 8.000 m2 actuellement, le site industriel passera à 13.000 m2 au printemps prochain, soit six fois plus de surface qu’en 2016 lors de la création de ce qui n’était alors qu’une start-up parmi d’autres.
Fondée par Mathieu et Sophie Wincker, l’entreprise agenaise s’est rapidement fait une place sur le marché de l’alimentation animale traditionnellement dominé par les géants Mars Petcare (Royal Canin, Pedigree, Whiskas, etc.), Affinity Petcare (Ultima, Advance, Libra, etc.) et Nestlé Purina (Friskies, Féliex, Fido, etc.).
Forte de 230 salariés dont 150 près d’Agen, Ultra Premium Direct a opté dès le départ pour un modèle très intégré dans lequel elle s’occupe de tout ou presque. La PME possède son propre outil industriel, ses surfaces de stockages, sa logistique d’expédition, sa R&D et son service après-vente où bon nombre de salariés viennent au bureau avec leur animal de compagnie.
Croissance rentable
Ce modèle qui combine différents métiers a permis de construire une croissance rentable depuis le départ et de lever 68 millions d’euros début 2021 auprès du fonds Eurazeo. Plusieurs fois sélectionnée au French Tech 120, l’entreprise incarne une réussite industrielle discrète et loin des grandes métropoles. Ultra Premium Direct a généré 70 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, en hausse de 25 % sur un an, et prévoit de dépasser la barre des 100 millions d’euros en 2026.
« Sur les 60.000 tonnes de croquettes écoulées depuis notre création, 17.000 tonnes ont été vendues en 2024 grâce à nos deux lignes automatisées d’enrobage et d’ensachage capables de produire un total de 21 tonnes par heure », pointe Ludovic Robinet, le directeur général adjoint. Mais ces lignes robotisées et leurs ouvriers de maintenance ne tournent pas encore à plein régime et ont opté pour la semaine de quatre jours.
La ligne de production n°2 est capable de sortir 14 tonnes de croquettes par heure, soit 20 sacs par minute (crédits : Ultra Premium Direct).
Les sacs sont ensuite déposés dans les vastes entrepôts voisins avant de passer entre les mains des collègues du service expédition qui préparent chaque colis confié aux transporteurs. « Ce modèle intégré et de vente directe, c’est l’ADN de la marque. La marge économisée sur les intermédiaires se retrouve dans le prix de nos produits vendus moins cher que la concurrence à qualité égale », fait valoir Paul Bro de Comères, le directeur des revenus commerciaux. « Positionnés sur le haut de gamme, nous bénéficions de la premiumisation du marché de l’alimentation animale, qui n’a pas vraiment été impacté par l’inflation, et nous gagnons des parts de marché. »
Du e-commerce au retail
C’est par le biais de l’e-commerce que la PME a grandi rapidement pour revendiquer aujourd’hui la pole position sur la vente en ligne en France avec 21 % de parts de marché. « Nous avons été les premiers à proposer en France ce système d’abonnement en ligne sans engagement qui a déjà séduit 150 000 clients », explique Clémence Lavenu, la directrice du marketing. « Et ce contact direct nous dote d’une connaissance très fine des besoins de nos clients et de leurs animaux pour développer notre offre ».
Pourtant, c’est bien en magasin que se trouvent encore 70 % des consommateurs quand 90 % des revenus d’Ultra Premium Direct proviennent actuellement de la vente en ligne. Ce qui a décidé la PME à se déployer fortement sur le retail sans renier ses fondamentaux : « Nous créons notre propre réseau de boutiques de 100 à 150 m2 dans les galeries marchandes des centres commerciaux de périphérie, là où les gens vont faire leurs courses. Mais ce sont nos magasins, nos produits et nos salariés, sans franchises », détaille Ludovic Robinet. « De 19 boutiques actuellement, nous visons 28 magasins en fin d’année puis une centaine en 2028. L’objectif, c’est bien d’être le premier acteur du petfood en France. »
L’entreprise aura alors largement dépassé les 300 salariés. Quant à l’international, les plans sont remis à plus tard après une tentative infructueuse en Italie en 2023.