Les Bourses européennes et taux d’emprunt des États évoluent à la hausse, ce jeudi, toujours stimulés par les annonces d’investissements colossaux en Allemagne, et plus généralement en Europe, pour muscler l’économie comme le secteur de la défense. En Europe, vers 9 h 10 (heure de Paris), la Bourse de Paris gagnait 0,55 %, Francfort 1,07 % et Milan 0,86 %. Seule Londres essuyait une légère baisse de 0,15 %.
Les marchés d’actions sont stimulés par « le fameux “wake up call européen” tant attendu après les annonces “conjointes” de relance (potentielle) de l’Union européenne et de l’Allemagne », estime John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud.
Les valeurs de défense en hausse
Les vingt-sept pays de l’UE et Volodymyr Zelensky se retrouvent jeudi pour un sommet extraordinaire sur l’Ukraine, destiné à rassurer ce pays et à muscler la défense européenne après l’altercation spectaculaire entre Donald Trump et le président ukrainien vendredi dernier.
Dans un contexte géopolitique totalement chamboulé, la Commission européenne a dévoilé un plan pour « réarmer l’Europe » visant à mobiliser quelque 800 milliards d’euros. De quoi soutenir les valeurs de la défense : à Paris, Thales gagnait 4,36 % vers 9 h 10 à Paris et Dassault Aviation 5,78 %. À Milan, Leonardo prenait 3,05 %.
Les investissements allemands comme stimulant
En parallèle, l’Allemagne a plaidé à Bruxelles pour une réforme des règles budgétaires de l’Union européenne, afin de pouvoir augmenter les dépenses militaires dans le contexte du désengagement américain en Europe, a appris l’AFP mercredi, de sources diplomatiques.
L’Allemagne a pris mardi soir un virage encore impensable il y a peu, en annonçant qu’elle allait débloquer des centaines de milliards d’euros pour son réarmement, un changement majeur impulsé par le futur chancelier Friedrich Merz, en pleine tempête géopolitique provoquée par le rapprochement de Donald Trump avec la Russie. « C’est un changement sismique » de la part de l’Allemagne, affirme Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.
La première économie européenne, en récession depuis deux ans, va lancer un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur dix ans pour rénover les infrastructures et gagner en compétitivité. « Il s’agit d’une injection bienvenue pour l’économie allemande chancelante », commente Gustav Helgesson, analyste chez SEB. « Une augmentation des emprunts signifie une augmentation de l’offre d’obligations, ce qui (…) entraîne une baisse du prix des obligations d’État et une hausse des rendements obligataires », explique-t-il.
En conséquence, le taux allemand à échéance 10 ans, surnommé le Bund, et qui fait référence en Europe, est passé de 2,49 % mardi à 2,79 % mercredi. Soit sa plus forte progression sur une séance depuis la réunification de l’Allemagne en 1990.
Les obligations européennes en profitent
« Ce mouvement a entraîné dans son sillage les rendements d’autres obligations européennes », poursuit Gustav Helgesson. Vers 9 h 10 à Paris, le rendement du Bund grimpait encore, s’établissant à 2,89 % contre 2,79 % en clôture mercredi. Le rendement à 10 ans français atteignait, lui, 3,59 % contre 3,49 % mercredi.
L’euro profitait aussi de la dynamique, grappillant 0,10 % face au dollar, à 1,08 dollar pour un euro, peu après avoir touché un nouveau plus haut depuis novembre face au billet vert.
(Avec AFP)
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