Emmanuel Macron est de retour en première ligne. Le long purgatoire consécutif à la calamiteuse dissolution de juin dernier semble se terminer pour un président remis en selle par l’actualité internationale : les foucades de Donald Trump qui a érigé l’impulsivité en mode de gouvernance ont permis au locataire de l’Élysée d’incarner a contrario une forme de modération et de rationalité dans la manière d’aborder les tensions géopolitiques.
Sur le plan intérieur, la fragilité et l’immobilisme de François Bayrou contrastent avec la sérénité d’un chef de l’État à qui il reste deux ans de mandat… sans la menace d’une sanction en 2027. Mais Emmanuel Macron, par sa personnalité transgressive, n’est pas homme à se résigner à devenir le spectateur de la chronique d’une mort politique annoncée. Qualifié parfois de « président anormal », il ne lâche rien et s’est fixé un nouveau défi : reconquérir l’opinion en se confrontant aux Français et à leurs attentes.
C’est le sens qu’il faut donner à cette émission de deux heures, en prime time sur TF1, au cours de laquelle il évoquera avec des Français et des experts « les défis de la France ». N’est-ce pas avant tout un défi pour lui-même, pour sa réhabilitation, que se lance le chef de l’État ? Tel un boxeur qui a connu un terrible KO, il remonte sur le ring médiatique et politique… sans mesurer peut-être la déception voire l’hostilité de bon nombre de gens à son égard. Mardi soir, il ne pourra pas se contenter de brasser des mots. Il devra faire des annonces concrètes.
Car c’est quand même une sacrée gageure que de prétendre apaiser l’anxiété générée par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient, par la dette colossale de notre pays, par la crise politique et la perte de repères sociaux et moraux. Pour Emmanuel Macron, la réponse au mal-être que connaît notre pays passerait par davantage de démocratie directe.
Il veut donc remettre sur la table le référendum, ou plutôt des consultations sur des sujets sensibles tels que la fin de vie, le financement du modèle social ou la question des écrans chez les enfants. De quoi confirmer l’ironique jugement de Michel Rocard : « Un référendum, c’est une excitation nationale où on met tout dans le pot. » En lançant une consultation avec le même jour trois référendums auxquels les citoyens répondraient par oui ou non, Emmanuel Macron se donne pour ambition d’oxygéner notre démocratie.
Curieuse démarche alors qu’en huit ans d’exercice, il n’a jamais usé de la procédure référendaire, malgré moult promesses. Le chef de l’État devrait avoir en mémoire le traumatisme causé par l’échec du référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne. Les Français en ont voulu au président Chirac et à une grande partie de la classe politique jugée coupable de ne pas avoir respecté le vote populaire.
L’Histoire nous enseigne que l’enfer est pavé de bonnes intentions et que, de la démocratie à la démagogie, la frontière est mince. Le courage des dirigeants politiques, c’est aussi de ne pas faire de référendums pour un oui ou pour un non, de prendre des mesures nécessaires au risque de déplaire. Talleyrand disait que « ”oui” et “non” sont les mots les plus courts et les plus faciles à prononcer et ceux qui demandent le plus d’examen ».
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