Les défis de notre époque exigent une mobilisation citoyenne collective sans précédent. Alors que le Président de la République annonce une refonte en profondeur de son projet de Service National Universel, recentrée sur les enjeux de défense, il nous faut aller plus loin : comment préparer notre jeunesse à faire face aux crises, qu’elles soient sécuritaires, climatiques ou sanitaires ? Comment mobiliser efficacement notre jeunesse pour renforcer la résilience de notre pays ? Face aux pandémies, aux catastrophes naturelles, aux tensions sociales ou aux menaces extérieures, la réponse ne peut être uniquement militaire. Ce dont la France a besoin, c’est d’une jeunesse engagée, dans sa diversité, formée, mobilisable rapidement et prête à agir au service de la solidarité et de la résilience nationale.
La nécessité d’une réserve citoyenne aux côtés de la réserve militaire
Les crises récentes nous l’ont montré : une société résiliente est une société où chaque citoyen sait réagir, protéger et aider. Nous devons cesser de voir la protection nationale uniquement sous l’angle des forces armées et envisager une force complémentaire, une réserve citoyenne, qui permettrait à chacun de contribuer à l’effort collectif en cas de crise majeure.
Qui mieux que la jeunesse pour incarner cet engagement ? Aujourd’hui, le Service Civique rassemble déjà 150 000 jeunes par an prêts à s’engager pour l’intérêt général. En quinze ans, 850 000 jeunes ont participé à des missions utiles à la société. Mais ce vivier d’engagement est sous-exploité. Nous avons l’opportunité de lui donner une dimension nouvelle en intégrant à cet engagement une véritable formation aux situations de crise.
Le terreau inexploité des 150 000 jeunes qui s’engagent chaque année en Service Civique
Chaque année, 150 000 jeunes s’engagent en Service Civique, cette forme de « service national », quoique citoyenne et volontaire, créée en 2010 pour inviter les jeunes de tous cursus et milieux, à donner un temps de leur vie à la société tout en gagnant indemnisation, accompagnement, et expérience formatrice. Ces jeunes sont un terreau puissant pour former la « réserve citoyenne » dont le pays a besoin ! Pour ce faire, intégrons au Service Civique les modules de formation indispensables à en faire les réservistes de demain :
- Au moins deux jours de formation systématique aux gestes de premiers secours (PSC1) (aujourd’hui la seule journée prévue n’est même pas systématiquement dispensée) ;
- Deux jours complémentaires de sensibilisation aux conduites à tenir en cas de crise : canicule, catastrophe naturelle, attentat…
Ainsi, plutôt que de multiplier les dispositifs et renforcer l’illisibilité de ce qui est proposé aux jeunes, utilisons ce qui existe. En formant ces 150 000 jeunes chaque année aux gestes qui sauvent et aux bonnes pratiques en situation de crise : nous outillons toute une génération à devenir actrice de la résilience du pays.
Un appel à l’ambition : développons le nombre de jeunes mobilisés chaque année !
Au-delà de ce renforcement évidemment nécessaire de la formation civique et citoyenne de la centaine de milliers de jeunes mobilisés chaque année pour la société grâce au Service Civique, il nous faut aller beaucoup plus loin : le rendre peu à peu vraiment accessible à tous. Rappelons que 67% des jeunes aimeraient s’engager et ne peuvent le faire faute de place, ou faute de valorisation de cet engagement dans les parcours scolaires et universitaires [1] !
Ce n’est pas réduire le nombre de missions proposées qu’il nous faut aujourd’hui : c’est au contraire universaliser et renforcer le Service Civique, pour répondre au besoin de sens et d’engagement de nos jeunes et garantir à la France une capacité d’action rapide, solidaire et structurée face aux crises à venir. C’est mobiliser chaque année des centaines de milliers de jeunes au service des grandes causes sociales et environnementales du pays. C’est enfin, donner à notre jeunesse une expérience fondatrice de son engagement citoyen, en plus d’une expérience tremplin pour sa propre résilience et insertion socio-professionnelle.
Nous appelons donc l’État, les collectivités, et l’ensemble des acteurs de la société civile à investir massivement dans l’universalisation du Service Civique, et par là-même dans la formation et la mobilisation des réservistes citoyens de demain. C’est un enjeu stratégique, une nécessité sociale, et une formidable opportunité pour bâtir un pays plus solidaire, plus uni et plus fort face aux défis du monde.
Ne ratons pas cette occasion. Engageons-nous pour une jeunesse optimiste, engagée, préparée, et donc pour une France plus résiliente !
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[1] Baromètre de l’Agence du Service Civique – 2023
(*) signataires :
- Emilie SCHMITT, Cofondatrice, Activ’Action
- Christophe PARIS, Directeur Général de l’AFEV
- Valentina PETRACHI, Directrice Générale, AIME ONG
- Baptiste MULOT, Directeur général, Association Beauval Nature
- Claire NOUVIAN, Présidente, BLOOM
- Eric SAPIN, Secrétaire général, CCSC-Volontariats – Volontaires pour la paix
- Benjamin SIBILLE, Fondateur, Collectif pour le Service Civique Européen
- Marie CAILLAUD, ancienne Présidente du Conseil d’Orientation des Politiques de Jeunesse
- Moussa KEBE, Président Fondateur, association Espoir Jeunes, chef du centre de secours et d’incendie de Gonesse
- Boris CALLEN, Président, Fédération française pour les liens sociaux
- Nadine LAUVERJAT, Déléguée générale, Générations Futures
- Mohamed GNABALY, Maire de l’Ile Saint Denis, Président de l’Association des Maires de France 93
- Abdelaali EL BADAOUI, infirmier et entrepreneur social
- Allain BOUGRAIN-DUBOURG, Président, LPO
- Jean-François SERRES, Fondateur, Monalisa
- Françoise FROMAGEAU, Présidente, Monalisa France
- Caroline SÉNÉCLAUZE, Présidente fondatrice, Le projet Moteur!
- Saïd HAMMOUCHE, Président Fondateur, Groupe Mozaïk RH
- Didier MOSTEL, Chargé de Mission Prévention Mineurs et Jeunes Adultes, Mairie d’Hérouville Saint Clair
- Cyrille BONNE, Conseiller municipal délégué SNU – Cadets de la gendarmerie du Calvados, Mairie Hérouville Saint-Clair
- Hervé MORITZ, Président, Mouvement Européen – France
- Anne GENEAU, Présidente, Petits Frères des Pauvres
- Alain REGNIER, Président, Plateforme Initiatives Citoyennes
- François TADDEI, Président Fondateur du Leaning Planet Institute
- Mona HITTI, Directrice générale, Réseau Môm’artre
- Colombe BROSSEL, Sénatrice de Paris & Maire adjointe de Paris
- Thibaut RENAUDIN, Maire des Termes d’Armagnac
- Samira DJOUADI, Conseillère au CESE, et Présidente de l’association Tous en stage
- Dominique LARUE, Président de l’Union nationale des CPIE, Union nationale des CPIE
- Bernard TRANCHAND, Vice-Président, UNAF
- Marie TRELLU-KANE, Co-Présidente et Fondatrice, Unis-Cité
- Stephen CAZADE, Co-Président, Unis-Cité
- Nicolas DETRIE, Directeur Général et cofondateur, Yes We Camp
- François-Afif BENTHANANE, Président – Fondateur, ZUPdeCO
Collectif (*)