Des rayons vidés, des queues à l’extérieur des magasins, des vols massifs… Aux États-Unis, les œufs sont devenus une denrée rare et les prix ont explosé. Ils ont augmenté de plus de 30 % rien qu’entre décembre 2024 et janvier 2025, d’après le département de l’Agriculture des États-Unis. Dans certains magasins et régions, la boîte de douze peut même atteindre les 10 dollars. Et les prix devraient encore croître de plus de 82 % en 2025. La faute à une épidémie de grippe aviaire depuis 2022, qui a entraîné l’abattage de nombreuses volailles.
Mais les œufs sont devenus un symbole du pouvoir d’achat aux États-Unis. Les consommateurs américains commencent à s’impatienter alors que le président avait promis que les prix baisseraient dans les premiers jours de son arrivée à la Maison-Blanche.
Ça ne sera pas pour tout de suite. D’après les derniers chiffres publiés, l’indice d’ensemble des prix à la consommation (IPC), qui mesure l’inflation aux États-Unis, a augmenté de 0,7 % entre décembre 2024 et janvier 2025. Et de 3 % en janvier sur un an. Le moral des ménages américains s’est également dégradé en février.
Parmi les produits qui ont le plus souffert de la hausse des prix en janvier sur un an : les prix à la pompe (+4,9 %), les services de transports (+8 %), ou encore les biens alimentaires (+2,5 %).
Le carburant et l’automobile en première ligne
Mais les consommateurs se préparent surtout à une augmentation des prix de nombreux produits avec la mise en place des droits de douane de Donald Trump. Le président américain a confirmé mardi 25 % de tarifs douaniers sur les produits du Canada et du Mexique et 20 % sur la Chine. D’après le Peterson Institute for international economics, les tarifs douaniers devraient ainsi coûter plus de 1 200 dollars par an aux ménages américains.
Charbon, bois, coton, céréales, avocats, fruits exotiques… La liste des produits importés depuis ces trois pays par les États-Unis est longue. Les produits frais, notamment en provenance du Mexique, seront les plus rapidement impactés par la hausse. Certaines entreprises augmentent, par ailleurs, déjà leurs prix par anticipation. « La plupart des districts s’attendent à ce que les droits de douane potentiels sur les intrants amènent les sondés à augmenter les prix, avec des entreprises les augmentant à titre préventif », indique la Réserve fédérale (Fed) dans son Livre beige, une enquête régulière sous forme de consultation d’acteurs économiques et d’experts.
La Maison-Blanche tente de rassurer
Les consommateurs américains vont également voir une hausse du prix des véhicules. Avec la mise en place des droits de douane, le prix des produits intermédiaires va augmenter et impacter le prix final.
« Le président Trump a beaucoup parlé de rendre l’industrie automobile américaine plus forte, de produire davantage ici, d’innover davantage, a relevé Jim Farley, patron de Ford. Jusqu’à présent, tout ce que nous constatons, ce sont beaucoup de coûts et de chaos. »
Enfin, les tarifs douaniers, en particulier ceux de 10 % sur les produits énergétiques canadiens, vont aussi impacter les prix des carburants. Rien qu’en 2023, un quart de la consommation de carburants dépendait du Canada.
La Maison-Blanche tente de rassurer : « Je pense que les Américains qui s’inquiètent de l’augmentation des prix devraient regarder ce que le président Trump a fait au cours de son premier mandat », a déclaré début février Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche. « Il a effectivement mis en place des droits de douane et le taux d’inflation moyen au cours de la première administration Trump était de 1,9 %. »
Mais les marchés, eux, comment à s’inquiéter. Les annonces de Trump sur les droits de douane qui se concrétisent déstabilisent les Bourses. Aux États-Unis, les investisseurs craignent un ralentissement de la consommation et, plus largement, de l’activité.
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