Les derniers jours ont rappelé la place et le rôle déterminant de l’économie pour notre pays, avec une légère reprise du chômage au premier trimestre et une croissance presque à l’arrêt. De quoi susciter les craintes les plus vives. L’ouverture le 18 mai du 8e Choose France pourrait donner quelque espoir, avec l’annonce de nombreux projets et 20 milliards d’euros d’investissements étrangers dans l’Hexagone, mais seulement 29. 000 emplois leur seraient associés.
Pas question de tout voir en noir. Il serait néanmoins bien hasardeux de repeindre en rose le bilan économique du pays alors que se dessinent une possible inversion de la courbe du chômage et l’essoufflement de la relance, chère au président de la République Emmanuel Macron, a certes créé 2 millions d’emplois depuis sa première élection et permis de vaincre le fatalisme d’un chômage endémique, mais l’annonce de vagues de licenciement dans l’industrie − ArcelorMittal en est l’emblématique et tragique illustration − témoigne de la fragilité française.
Les inquiétudes concernent des secteurs importants comme l’automobile et la chimie. En fait, notre pays se trouve à la croisée des chemins et son économie se caractérise par des paradoxes qui laissent perplexes les économistes les plus experts et les politiques les plus avertis. En effet, pour la sixième année d’affilée, la France est la championne d’Europe de l’attractivité et, dans le même temps, elle fait partie des pays les plus endettés et les plus touchés par le chômage.
Dès lors, face à l’Amérique décomplexée pour ne pas dire cynique de Donald Trump, la France peut-elle se payer deux ans d’immobilisme, se complaire dans les guerres picrocholines et politiciennes sans réagir à l’accumulation des déficits, sans simplifier une organisation administrative kafkaïenne, sans réduire des normes souvent aberrantes ? Les difficultés de François Bayrou à élaborer le budget 2026 et, surtout, à le faire voter servent de révélateur aux lourdes menaces qui pèsent sur notre pays.
L’important, ce n’est pas la chute mais l’atterrissage.
Le forum 2025 Choose France a pour thème à France, terre de créativité : il en faudra beaucoup au Premier ministre pour enrayer la dette tout en stimulant l’activité et la croissance. Alors que la terre tremble sous les pieds d’Emmanuel Macron, il convoque une conférence sociale et met sur la table implicitement la TVA sociale pour financer, autrement que par le travail, notre état providence en panne.
C’est oublier que le chef du gouvernement attend toujours monts et merveilles du conclave sur les retraites, qui s’éternise faute de résultats tangibles et efficients. La réplique culte du film de Mathieu Kassovitz, La Haine : « jusqu’ici tout va bien, mais l’important, ce n’est pas la chute mais l’atterrissage », colle parfaitement au moment que nous vivons. À force de se bercer d’illusions et de se rassurer, l’atterrissage pourrait se révéler douloureux.
Dès 2007, François Fillon affirmait qu’il était à la tête d’un état en situation de faillite sur le plan financier. Dix-huit ans après, le message, s’il a été entendu, n’a pas provoqué la réaction espérée. Faute de courage, de volonté de tous les responsables politiques, syndicaux et économiques, de choix rigoureux et exigeants, la France s’expose à subir le choix d’autrui…
À lire également
Bruno Jeudy