« Marcher sur un fil » : l’expression résume parfaitement la posture délicate des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7, réunis aujourd’hui et jusqu’au 22 mai à Banff, au Canada.
Les pays du G7 (France, États-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, Italie, Allemagne) devront aborder l’incertitude économique et le ralentissement des investissements liés aux droits de douane américains, sans critiquer ouvertement la politique de Washington. En parallèle, les pays affectés par les taxes américaines intensifieront leurs efforts pour persuader Scott Bessent, secrétaire au Trésor et négociateur clé, dans l’espoir de faire évoluer la position américaine en leur faveur.
Scott Bessent, l’homme à convaincre
Au-delà de cet exercice d’équilibre, les ministres des pays touchés par les droits de douane rappelleront à Scott Bessent qu’ils sont les alliés les plus proches de Washington. En tête à tête, certains pourront même être tentés de faire avancer leurs propres négociations pour alléger les taxes imposées par Donald Trump.
Les membres du G7 — Japon, Allemagne, France et Italie — font en effet toujours face à une menace de doublement des droits de douane américains « réciproques », qui pourraient dépasser 20 % dès début juillet. Quant au Canada, pays hôte du G7, il subit encore des droits de 25 % imposés par Donald Trump sur de nombreuses exportations, notamment l’acier, l’aluminium et l’automobile.
Pour recentrer les discussions, un porte-parole du Trésor a d’ores et déjà déclaré dimanche 18 mai que le secrétaire du trésor, Scott Bessent, chercherait à ramener le G7 « à l’essentiel et à se concentrer sur la correction des déséquilibres et des pratiques non commerciales dans les pays du G7 et hors G7 ». De son côté, le Canada tente lui aussi de recentrer les discussions, en misant sur l’adoption d’une déclaration commune pour clore le G7 Finances.
Le Canada plaide en faveur d’une déclaration commune
Malgré les tensions persistantes avec Washington sur les droits de douane, le Canada tente de rallier les membres du G7 finances autour d’une déclaration commune. L’objectif est d’afficher un front uni et poser les bases du sommet des dirigeants du G7, qui se tiendra à Kananaskis, en Alberta du 15 au 17 juin 2025.
Le texte devrait inclure un message général de soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe, sans pour autant annoncer de nouvelles mesures concrètes. Elle sera toutefois bien plus vague que celle d’octobre 2024, où le G7 s’était engagé à prêter 50 milliards de dollars à l’Ukraine, garantis par les revenus des avoirs souverains russes gelés.
Mais cette déclaration du G7 finances, attendue en présence du ministre ukrainien des Finances Serhii Marchenko, coïncidera avec l’annonce d’un nouveau paquet de sanctions européennes contre Moscou cette semaine. Le chancelier allemand Friedrich Merz a confirmé, lors d’une visite en Italie le 17 mai, qu’un énième paquet de sanctions entrera en vigueur le 20 mai et visera notamment la « flotte fantôme » russe en mer Baltique.
La coopération contre le blanchiment d’argent et les autres crimes financiers figure également parmi les dossiers sur lesquels un consensus semble possible, tout comme l’appel de Scott Bessent à mobiliser davantage le secteur privé pour relancer la croissance. En revanche, les discussions sur le climat risquent de raviver les tensions, en raison de l’opposition de Donald Trump en faveur des politiques climatiques et des énergies vertes.
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Valentine Roux