À la lumière des derniers événements à Gaza, l’Union européenne va lancer un réexamen de son accord d’association avec Israël, a annoncé mardi la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. « Il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l’article 2 (sur le respect des droits humains) de notre accord d’association avec Israël. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice », a-t-elle déclaré à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.
La Commission européenne va donc entamer ce processus de révision pour vérifier si Israël respecte bien les droits humains et les principes démocratiques, conformément à l’article 2 de cet accord. Si celle-ci devait conclure à un manquement d’Israël, une suspension de ce dernier pourrait être alors décidée.
Que contient l’accord d’association UE-Israël ?
Signé en 1995 et entrée en vigueur en 2000, l’accord d’association entre l’UE et Israël « vise à fournir un cadre juridique et institutionnel approprié pour le dialogue politique et la coopération économique entre l’UE et Israël », indique la Commission européenne sur son site. En clair, il a notamment pour objectif de favoriser les échanges de biens et services entre les deux parties, selon l’article 1 de cet accord.
L’article 2 prévoit quant à lui que « les relations entre les parties, ainsi que toutes les dispositions de l’accord lui-même, sont fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui guide leur politique intérieure et internationale et constitue un élément essentiel du présent accord ».
Quels pays demandent un réexamen de l’article 2 ?
Dix-sept pays, dont la France, se sont prononcés en faveur de cette révision de l’accord d’association UE-Israël, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot devant l’Assemblée nationale. L’Allemagne a pour sa part défendu ce mercredi l’utilité de cet accord, qu’elle qualifie de « forum important », sans confirmer des informations de presse selon lesquelles elle s’est opposée à cette révision.
Vingt-deux pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon et l’Australie, ont par ailleurs exigé d’Israël une « reprise complète de l’aide à la bande de Gaza, immédiatement », demandant qu’elle soit organisée par les Nations unies et les ONG. De son côté, le Royaume-Uni a annoncé suspendre ses négociations pour un accord de libre-échange avec Israël et convoquer l’ambassadrice israélienne au Royaume-Uni, en réponse à l’intensification de l’offensive israélienne à Gaza.
Quelles conséquences pour Israël en cas de suspension ?
Dan Catarivas, directeur des relations internationales du patronat israélien, a averti mardi sur la chaîne de télévision israélienne i24NEWS que « si le gouvernement israélien continue à avoir une certaine politique qui va amener des partenaires commerciaux comme l’Union européenne à prendre des mesures contre Israël, cela peut avoir de graves conséquences ».
Et pour cause, « l’UE est le plus grand partenaire commercial d’Israël, représentant 32 % du total des échanges de biens d’Israël avec le monde en 2024 », indique le site de la Commission européenne. Par ailleurs, « 34,2 % des importations d’Israël provenaient de l’UE et 28,8 % des exportations du pays étaient destinées à l’UE ».
Et pour l’Union européenne ?
À l’inverse, bien qu’Israël soit « le troisième partenaire commercial de l’UE dans la région méditerranéenne, après le Maroc et l’Algérie », il représente un poids relativement faible dans le commerce européen. « Israël est le 31e partenaire commercial de l’UE, représentant près de 0,8 % du total des échanges de biens de l’UE avec le monde en 2024 », selon la Commission européenne.
Que représentent les échanges entre Israël et l’UE ?
Au total, les échanges de biens entre l’UE et Israël s’élevaient à 42,6 milliards d’euros en 2024, selon Bruxelles. Dans le détail, les importations de l’UE en provenance d’Israël « se sont élevées à 15,9 milliards d’euros, principalement des machines et du matériel de transport (7 milliards d’euros, 43,9 %), des produits chimiques (2,9 milliards d’euros, 18 %) et d’autres produits manufacturés (1,9 milliard d’euros, 12,1 %) ».
Les exportations de l’UE vers Israël se sont quant à elles élevées « à 26,7 milliards d’euros et ont été dominées par les machines et le matériel de transport (11,5 milliards d’euros, 43 %), les produits chimiques (4,8 milliards d’euros, 18 %) et d’autres produits manufacturés (3,1 milliards d’euros, 11,7 %) », selon la Commission européenne.
Du côté des services, les échanges se sont élevés à 25,6 milliards d’euros en 2023. Les importations de l’UE ont représenté 10,5 milliards d’euros (41 % des échanges), tandis que les exportations ont représenté 15,1 milliards d’euros (59 %).
Que répond Israël au réexamen de cet accord ?
« Nous rejetons totalement l’orientation » de la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas qui « reflète une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté », et « encourage le Hamas à rester sur ses positions », a déclaré le porte-parole du ministère Oren Marmorstein, dans un communiqué posté sur X mardi.
« Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie, qui est de défendre son existence et sa sécurité contre des ennemis qui cherchent à le détruire », ont également affirmé mardi les autorités israéliennes.
(Avec AFP)
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Marius Bocquet