Yohan Mollo va disputer la finale de la première édition de la Kings League France avec l’équipe de Karasu présidée par Kameto, ce jeudi à Turin (18h30). Avant de défier le Panam All Starz de Pfut, l’ancien ailier de Monaco et Saint-Etienne a livré ses impressions à RMC Sport.
Yohan Mollo, vous allez disputer la finale de la première édition de la Kings League France avec l’équipe Karasu face à Panam All Starz ce jeudi à Turin (18h30). Comment appréhendez-vous cet événement?
Je suis très serein, très confiant. Je ne suis pas absorbé par l’enjeu, mais on n’est pas là pour faire de la figuration. On est là pour gagner. Je veux transmettre de la force, du soutien et du courage à mes partenaires, c’est ça qui va être important. Il va falloir aussi bien entamer ce match pour pouvoir le gérer. Mais avec les rebondissements liés au penalty du président, aux jokers ou aux buts qui comptent double à la fin, c’est compliqué d’anticiper la physionomie d’un match. C’est pour ça que tout le monde aime ce format, parce que tu ne sais jamais qui va gagner jusqu’à la fin.
Vous semblez très investi dans cette équipe de Karasu, que vous avez rejoint en cours de compétition…
Je n’ai jamais su faire semblant. Je n’ai jamais su donner 10%. C’est soit je donne 150%, soit je ne donne rien du tout. C’est mon ADN. Je viens avec l’intention de gagner. Je ne viens jamais pour viser la deuxième place. Pour le moment, c’est une réussite. Mais il manque une marche et ça me tient à cœur de la gravir avec mon équipe.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de participer cette Kings League France?
Au début, tout le monde m’a un peu découragé de rejoindre cette équipe, parce qu’elle n’avait pas les meilleurs retours possibles. Mais je n’ai jamais écouté personne, donc je suis venu avec mon sac à dos et ma rage de vaincre. J’ai essayé de transmettre ce que j’ai à l’intérieur et ça a bien marché. On a fait des résultats. On est qualifiés pour la Kings World Cup (les quatre meilleures équipes de la Kings League France ont obtenu leur ticket, NDLR) et on va jouer une finale. Ce n’est pas donné à tout le monde.
Êtes-vous un initié du monde des streamers?
Honnêtement, j’étais un peu déconnecté. Mais j’apprends à les connaître. Kameto (le président de Karasu), c’est quelqu’un d’adorable. Je prends du plaisir à me battre pour lui. J’ai juste envie de le voir kiffer. Parmi les streamers, il y a beaucoup de bons mecs. Et moi j’arrive dans cette atmosphère sur la pointe des pieds, parce que même si j’ai le statut et la carrière, je ne me mets pas au-dessus des autres. Je suis là avec respect et humilité.
Quel était votre but en intégrant l’équipe de Karasu, qui a connu un début de tournoi assez difficile…
Je voulais remettre des sourires sur leurs visages, qu’on se lève de bonne humeur, avec la rage de vaincre. C’est ce que je voulais transmettre à l’équipe et j’ai réussi à le faire en très peu de temps. Ils se sont remis en question et ils ont changé leur fusil d’épaule. Quand je vois l’énergie qu’il y a aujourd’hui autour de l’équipe, ça me fait kiffer, parce qu’à un moment, ils n’ont pas vécu les mêmes émotions, c’était compliqué. Maintenant, ce que je veux pour cette finale, c’est que mon équipe soit fière, se donne à fond. Et si c’est le cas, le résultat sera là.
Quel est votre apport au sein de l’équipe?
Je suis là pour apporter mon leadership parce que je suis un playmaker. J’aime bien jouer, faire jouer, faire des différences. Je n’ai pas peur d’avoir la balle et de prendre mes responsabilités. On l’a vu en demi-finale (contre F2R), j’ai pris la balle et j’ai osé. Je pense que cette équipe manquait d’accélérateur de jeu. C’était rodé sur le plan collectif, mais un peu moins sur le plan individuel. Donc je suis venu amener un peu ce grain de folie. Des fois ça marche, des fois non. J’essaye de leur faire comprendre qu’ils peuvent compter sur moi, comme moi j’ai besoin d’eux. On est là pour se compléter. Pour le moment, l’alchimie marche bien.
Comment avez-vous réussi à convaincre les autres joueurs de vous suivre?
Quand ils voient qu’un joueur pro arriver et qu’il se donne à fond, qu’il ne rechigne pas à faire les efforts, qu’il se bagarre, ils se disent: ‘Si lui le fait, on ne peut pas faire moins’. Moi, j’ai donné le ton, après ils m’ont suivi. Mais je pense que c’était important que je donne le tempo. Ils ont vu que j’étais un mec comme eux. Je dis bonjour à tout le monde en arrivant, je suis respectueux. Il n’y a pas un mot plus haut que l’autre, c’est mon éducation. Mais ce que je veux voir dans leurs yeux, c’est la rage de vaincre, parce que c’est ce qui m’anime.
Comment vivez-vous cette première expérience à la Kings League France?
Je ne vais pas vous mentir, ça fait trois-quatre ans que dans ma vie, je ne ressens plus d’adrénaline pour le foot. Pour moi, honnêtement, le foot c’est un travail, ce n’est plus un plaisir. Et depuis que je suis dans cette compétition, je prends énormément de plaisir. Je pense que ça se voit, à mes célébrations, mon engouement sur le terrain. Vivre cet enjeu, cette adrénaline, ces matchs éliminatoires… J’ai vécu pour ça dans ma vie, j’ai été formaté pour et ça me rappelle à quel point le football peut être beau. On ne peut pas comparer ce format au foot à onze, mais je retrouve des émotions et je prends vraiment beaucoup de plaisir.
Que pensez-vous du niveau global du tournoi?
C’est homogène. Il y a des joueurs qui, malheureusement, ne connaîtront jamais la lumière et avec cette compétition, ils peuvent créer des moments de bonheur et de convivialité. Leurs proches se retrouvent devant la télé pour les regarder. Ce projet donne énormément de rêve et de motivation aux jeunes. En termes de niveau, il y a de tout, mais le format fait qu’on voit moins les défauts. Comme le terrain est plus petit, on est sur un football plus court et plus intense. On fait plus parler la technique et l’engagement, donc on voit moins le déficit tactique. Dans ce cadre-là, il y a des joueurs très intéressants.
Au sein de la team Karasu, vous évoluez aux côtés de Nabil Dirar, l’ancien international marocain…
A l’époque où il est arrivé à Monaco, on s’était entraînés ensemble. Mais tu n’as pas besoin de connaître vraiment quelqu’un pour jouer au football avec lui. Le football, c’est un langage universel. Dès qu’on se regarde dans les yeux, on se comprend. Il n’y a qu’avec l’expérience et le vécu qu’on peut ressentir ça. J’aime beaucoup la connexion avec lui parce que ça va vite, c’est réactif et ça propose.
Avez-vous eu du mal à assimiler les règles particulières de la Kings League à votre arrivée?
Mon premier match a été le plus compliqué, même si je mets le but de la qualification à la fin. Dans l’aspect tactique, gestion et règles, je ne vais pas vous mentir, j’étais un peu perdu. A un moment donné, l’arbitre me prend le ballon et le donne à l’adversaire. Je le regarde et je me dis: ‘Il se passe quoi là?’ Au début du match, le coach m’explique qu’il faut attendre qu’il y ait le buzzer avant de démarrer. Contre F2R, il me dit: ‘Yohan, c’est un shoot out’. Je vais voir Nabil (Dirar) et je lui demande: ‘Tu sais ce que c’est un shoot out?’ Et d’un coup, je vois la balle au point de penalty (sourire). Il faut s’adapter mais franchement, je kiffe. Je suis quelqu’un qui aime le duel, la confrontation, donc je prends énormément de plaisir. Au niveau des règles, j’ai mis un match à me régler. Ça va, l’adaptation s’est faite assez rapidement. Mais sur ce premier match, j’étais plus d’un round d’observation que dans l’action.
Certaines personnes du monde professionnel vous ont contacté pour se renseigner sur la compétition?
A partir du moment où les gens ont vu deux-trois professionnels apparaître, ils se sont intéressés au format et ils sont dit: ‘Ah finalement, ce n’est pas mal’. Des joueurs se sont rapprochés et je suis sûr que pour la prochaine édition, il y aura plus de pros.
En terminant dans les quatre premiers de la Kings League France, l’équipe Karasu s’est qualifiée pour la Kings World Cup, qui se déroulera en juin, près de Paris, avec des formations internationales. Vous serez à nouveau de la partie?
Si je me suis bagarré avec cette équipe pour participer et les emmener collectivement en finale, c’est aussi pour participer à cette Kings World Cup. Je veux démontrer que nous les Français, on n’est pas là pour la figuration.