Alors que l’Europe se prépare à renforcer sa défense face à la menace d’un désengagement américain, l’industrie française est priée d’accélérer la cadence. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’armée russe a détruit ou endommagé près de 1.000 établissements médicaux. En novembre dernier, la Banque mondiale et l’Union Européenne estimaient à 17 milliards de dollars les besoins du secteur de santé avec un montant des dépenses qui devrait s’élever cette année à près de 5 milliards d’euros.
Découlant d‘un accord bilatéral entre la France et l’Ukraine, un fonds de 200 millions d’euros a été lancé en 2024 pour financer la réhabilitation des infrastructures critiques en Ukraine dans des secteurs prioritaires. Dans le domaine de la santé, doté de 60 millions d’euros, onze projets, soutenus et accompagnés par French Healthcare Association ont été retenus.
Ce vendredi 7 mars 2025 DMS Group, spécialiste de l’imagerie médicale de haute performance pour la radiologie numérique et l’ostéodensitométrie (basé à Gallargues-le-Montueux dans le Gard), a annoncé, en présence des ministres français de l’Economie, des Finances, de la Souveraineté industrielle, et des Affaires étrangères, ainsi que de Yulia Svyridenko, Première vice-Première ministre et ministre de l’Économie d’Ukraine, un partenariat privilégié pour la livraison de 120 mobiles de radiologie d’urgence.
Un contrat sur 12 mois
Côté sur Euronext, DMS Group (46,1 millions de chiffre d’affaires consolidé en 2024, dont 80% à l’international, 145 collaborateurs) fabrique depuis une quarantaine d’années des salles de radiologie. En 2022, le groupe s’est lancé dans l’imagerie mobile, soutenue par le Plan France Relance. Le projet de partenariat avec l’Ukraine a pris forme un an plus tard, lors du Business Forum de l‘Association French Healthcare (dont DMS Group est membre fondateur) à un moment où le groupe venait d’acquérir la société suédoise Solutions for Tomorrow, spécialisée dans des équipements haut de gamme (production d’une soixantaine par an).
« Pour répondre aux besoins de l’Ukraine, nous avons rapatrié 70% de la chaîne de production sur notre usine de Gallargues-le-Montueux qui va ainsi bénéficier de notre plateforme logicielle intégrant de l’IA », détaille Samuel Sancerni, PDG de DMS Group, évoquant un coût d’investissement de 4 millions d’euros, dont un quart financé par l’Etat.
En cours de finalisation, le contrat de 11 millions d’euros, va s’échelonner sur douze mois à compter des premières livraison prévues au 2e ou 3e trimestre 2025.
Des besoins énormes
Le groupe, qui a une forte expertise à l‘export, a déjà livré des équipements en zone de guerre, notamment en Syrie avec l‘Unicef. Ses équipements de radiologie d‘urgence, alimentés par des batteries (rechargeables en 1 h 30), vont être déployés au plus près du front dans des camions, des écoles, etc. mais également dans les centres périphériques hospitaliers accueillant des blessés de guerre. Le transport, par train depuis l’Allemagne, sera assuré sur place par un distributeur local.
« Les besoins de l’Ukraine sont énormes, même si le pays avant la guerre était très bien équipé, constate Samuel Sancerni. Nos discussions ne s’arrêtent pas à ce contrat, elles sont potentiellement beaucoup plus globales. »
Malgré des investissements en R&D qui depuis 2022, ont pesé sur la dette du groupe, ce contrat en Ukraine est une opportunité pour changer de dimension. La reconstruction du pays est aussi un levier pour se placer sur un nouveau marché, celui des arceaux de bloc opératoire haut de gamme (appareils de radiologie installés dans des blocs opératoires). Dans sa stratégie de développement à horizon 2027, DMS Group, fabricant en marque blanche pour des majors, table sur 70 millions d’euros de chiffre d’affaires.