Avant le choc entre le Paris FC et le FC Lorient, le capitaine parisien Timothée Kolodziejczak assume les ambitions de son club et sent l’excitation monter avant l’un des plus gros matchs de Ligue 2 ces dernières saisons. L’ancien Stéphanois se livre aussi sur la pression qui accompagne désormais les matchs du Paris FC, ainsi que sur son parcours, qui l’a vu notamment remporter deux fois la Ligue Europa avec le Séville FC avant de connaître les critiques à l’AS Saint-Étienne, le placard à Schalke 04 et même une période sans club.
Timothée, Paris FC-Lorient, c’est un match qui sent déjà la Ligue 1?
C’est un match très attendu pour tout le monde. Pour nous et pour Lorient aussi, et il n’y a que trois points qui nous séparent. Ça va être un bon match avec de l’enjeu, on a hâte d’y être.
C’est un peu plus qu’un bon match, non?
Avec ce qui se passe autour du club, ça fait beaucoup parler et ça fait de la publicité au Paris FC qui est en train de franchir un palier. Il y a un nouveau propriétaire avec des grosses ambitions mais ça va se jouer sur le terrain. C’est un match important, charnière mais ça ne va pas finaliser la saison. En cas de bon résultat, ça peut nous donner une grosse dynamique et une grosse confiance car il ne restera que huit matchs derrière. Tout va aller vite et il ne restera que des gros matchs à disputer. Malgré tout, ce ne sera pas un aboutissement si on gagne. Il faudra encore gagner après, il ne faut pas se mettre de pression. En face, c’est le leader, pour gagner il faut faire le match parfait.
Le niveau du FC Lorient vous impressionne?
C’est costaud, cohérent avec des joueurs d’expérience qui ont connu la Ligue 1. Le staff est cohérent aussi. C’est un club d’élite. Ils ont gardé leur ossature et leurs bons joueurs donc c’est logique de les voir dans la course à la montée. Metz et Dunkerque sont aussi dans ce cas. On est quatre équipes avec beaucoup de qualités.
Contre ces gros-là cette saison, vous ne comptez qu’une victoire pour quatre défaites. Le bilan est faible…
On fait des bons matchs dans l’ensemble mais avec un problème d’efficacité. Après il ne faut pas oublier que quand les adversaires jouent contre le Paris FC, il y a un surplus de motivation.
Être l’équipe à abattre, vous le ressentez vraiment sur le terrain?
Quand je vois les équipes jouer d’habitude et contre nous, ce ne sont pas les mêmes. Ça fait partie du jeu et tant mieux. On a eu des déceptions contre les équipes du haut de tableau mais j’espère que ça va nous servir de leçons.
On voit aussi sur les réseaux sociaux fleurir des “haters” du Paris FC, vu comme le nouveau riche soutenu par les puissants. C’est un statut difficile à supporter?
On sait comment c’est… La famille Arnault arrive, c’est Paris… C’est l’ADN français on va dire. Les gens n’aiment pas ceux qui gagnent trop d’argent. Ça doit être un surplus de motivation. On se focalise sur nous. Depuis le début de saison, je ne vois personne du club qui parle, qui pense être au-dessus des autres. On reste humble, il y a de très bonnes équipes en Ligue 2, on le voit au classement. Certains se trompent comme Dunkerque après notre défaite là-bas, certains disaient qu’on se voyait déjà en Ligue 1. Mais je n’ai vu personne parler en ce sens. Peut-être qu’il y a de la frustration dans certaines équipes car on parle beaucoup du Paris FC, mais nous n’y sommes pour rien. La L1 on ira la chercher sur le terrain, comme eux.
Cette course à la montée est passionnante. Malheureusement, il n’y a que deux places pour une accession directe à la L1?
C’est bien, ça veut dire que les quatre équipes le méritent. Ça va se jouer sur les détails, les émotions sur la fin de championnat. On aura des matchs importants à gagner. C’est une fin de saison excitante. L’équipe la plus ordonnée et équilibrée se rapprochera du but.
Les barrages sont quasiment assurés en revanche. Mais l’histoire récente du Paris FC y est traumatisante (quatre éliminations en quatre barrages lors des six dernières saisons).
Il faut penser aux barrages car il faut rester humble. Mais non, ce n’est pas un traumatisme. S’il faut en passer par là, on ira. L’objectif reste malgré tout de terminer dans les deux. Ce n’est pas se la raconter de le dire car on est dans le top 2, top 3 depuis le début de saison. Il n’y pas de traumatisme. Il faudra faire front et tout donner.
“J’espère qu’on fera un gros truc car ça peut changer la vie de pas mal de gens”
Vous êtes le capitaine du Paris FC malgré un gros vestiaire cette saison. Ce n’est pas un rôle auquel vous avez été habitué pourtant durant votre carrière…
J’ai ma carrière qui parle pour moi maintenant. J’ai un rôle de leader naturel. J’apporte mon expérience, je dis les choses quand il faut. J’accompagne les coéquipiers quand il le faut. Ma carrière est pratiquement derrière moi. J’espère qu’on fera un gros truc car ça peut changer la vie de pas mal de gens. Je suis là et j’apporte mon expérience notamment aux défenseurs.
On cite souvent Maxime Lopez et Jean-Philippe Krasso comme cadres du Paris FC. Vous avez pourtant joué quasi 200 matchs de Ligue 1, connu l’Espagne, le Mexique, l’Allemagne. Vous n’êtes pas frustrés d’être parfois oublié?
Ce n’est pas grave ça! Ce sont des leaders techniques. Max et JP ont 27 ans, sont au top de leur carrière. Ils viennent renforcer la Ligue 2. Moi je suis en fin de carrière, j’ai passé l’âge pour cela. Je suis là pour kiffer et remplir les objectifs. Eux apportent leur technique, leur charisme. Tu sens qu’ils sont au-dessus du lot en Ligue 2.
À 33 ans justement, avec ce défi de faire monter le Paris FC en Ligue 1, c’est un des moments les plus excitants de votre carrière ?
C’est un défi super intéressant pour moi. Il me reste quelques années j’espère et écrire l’histoire du Paris FC, ce serait magnifique. Je suis en mission, comme tout le monde ici. On sait qu’il reste du boulot et que trois autres équipes veulent monter. Il faut rester pro, humbles et concentrés. Puis travailler, travailler, toujours travailler…
Vous êtes en fin de contrat en juin 2025. Qu’espérez-vous pour la saison prochaine ?
On verra. On va parler dans pas longtemps. Pour le moment, je veux bien terminer la saison et atteindre l’objectif. Je suis bien ici. Mais je ne contrôle pas tout. Ce que je contrôle, ce sont mes performances. Je me donne à fond.
“C’était la Ligue 2 ou c’était terminé pour moi”
Vous avez connu l’OL, l’OGC Nice, le Séville FC où vous avez gagné deux fois la Ligue Europa, l’AS Saint-Étienne notamment. Puis votre carrière s’est étiolée. Vous étiez quasiment une tête de turc pour les supporters stéphanois sur la fin de votre parcours puis il y a eu une dégringolade avec même une période sans club. Que retenez-vous de cette période?
À Saint-Étienne, il y a eu une usure mentale et c’était difficile mais je retiens trois ans et demi pendant lesquels j’étais bien. Après j’ai eu du mal à retrouver un club par rapport à mes agents de l’époque qui n’ont pas fait le taff. Je pouvais rebondir mais on m’a laissé de côté. Ça m’a forgé encore plus et je n’ai jamais lâché. À Schalke, j’arrive en cours de saison, je suis à court de forme… Une saison à oublier. Ici, il fallait que je me remette d’un an sans jouer. Mais cette année, j’ai eu une prépa, je fais attention à moi, je m’entraîne bien. Mon corps est avec moi à 100%, je peux jouer encore pas mal de temps.
Cela a été facile à accepter de redescendre en Ligue 2?
Pas le choix… Dans ma carrière, je ne me suis jamais dit je vais jouer en L2. Mais à un moment donné, il faut être lucide, accepter et rebondir. Ce serait la plus belle des revanches de remonter avec le Paris FC. Après je n’ai pas eu peur de la Ligue 2, car c’était ça ou c’était terminé. Le projet du PFC était intéressant aussi. Aujourd’hui, je suis ravi car le groupe est de qualité. Humainement, c’est top, ça rigole tous les jours!