Notre pays est-il structurellement raciste ? À quel niveau se situe l’antisémitisme actuellement ? Le racisme anti-Blancs existe-t-il ? Les musulmans sont-ils rejetés dans l’Hexagone ? Ces questions déchirent l’opinion. Pour sortir de l’opposition stérile entre ceux qui restent aveugles aux discriminations et ceux qui instrumentalisent le ressentiment pour gagner quelques bulletins de vote, il convient de se pencher sur les données à disposition.
Le meurtre à coups de couteau d’Aboubakar Cissé, un Malien sans papiers, dans une mosquée du Gard, le 25 avril, a relancé le débat sur l’« islamophobie », terme qui tend à se généraliser pour évoquer le rejet des musulmans. À gauche, et particulièrement dans le mouvement antiraciste, beaucoup ont affirmé que ce meurtre n’était que la conséquence des « politiques islamophobes » mises en place depuis vingt ans en France, ainsi que d’un climat entretenu par les médias, l’empire Bolloré en tête. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi déclaré : « L’islamophobie, le racisme, [sont] l’invention des puissants pour diviser le peuple. » Et si on sortait des postures pour regarder les chiffres de plus près ?
Certes, le dernier rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux, publié en octobre 2024, met en lumière un niveau très élevé de discriminations à l’encontre des musulmans sur le Vieux Continent. Mais la France demeure l’un des pays où celles-ci sont le plus contenues, après la Suède, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Alors que l’Hexagone compte la communauté de musulmans la plus importante d’Europe, la défiance à leur égard reste globalement stable, alors qu’on aurait pu redouter que le terrorisme islamiste, qui a fait près de 300 morts sur le sol national depuis les années 1990, n’aggrave cet état d’esprit. Il n’empêche : l’attaque au couteau dans le Gard a réactivé un clivage, particulièrement vif il y a cinq ans, lors du décès outre-Atlantique de George Floyd, entre ceux qui considèrent que la France est intrinsèquement raciste et ceux qui ne voient de racisme nulle part, si ce n’est peut-être envers les Blancs.