Après plusieurs années mornes, enfin un horizon positif pour le secteur du crédit immobilier ? Interrogé par Radio classique ce vendredi, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, observe en tout cas « beaucoup de signes positifs aujourd’hui » pour les acteurs du secteur.
Notamment la baisse des taux par la BCE, qui « a un certain nombre de conséquences positives sur le crédit immobilier » et « sur le pouvoir d’achat », a-t-il précisé au micro de la radio. La Banque centrale européenne a en effet poursuivi hier sa politique de détente des taux d’intérêt en abaissant, comme attendu, son principal taux d’intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage.
Des taux beaucoup plus bas qu’il y a un an
En janvier, les taux d’intérêt moyens des nouveaux prêts immobiliers se sont stabilisés à 3,32 % après 3,30 % en décembre, restant à un niveau beaucoup plus bas qu’il y a un an, et les nouveaux crédits immobiliers (hors renégociations) ont atteint 9,9 milliards d’euros, selon les chiffres de la Banque de France.
Ce montant « est la moyenne en gros que nous avons depuis le printemps dernier, quand le crédit immobilier s’est retourné positivement et que les Français ont recommencé à emprunter ».
Cette amélioration est aussi constatée par plusieurs acteurs bancaires. Début février, certains ont même vu une reprise du marché du crédit immobilier dès décembre dernier. Crédit Agricole constate ainsi un rebond au quatrième trimestre du crédit à l’habitat en France (+18 % sur un an), de même que BPCE, qui rassemble notamment les Caisses d’épargne et les Banques populaires (+30 %). Selon la Banque de France, avec 11,6 milliards d’euros de nouveaux crédits immobiliers, le mois de décembre 2024 a été le meilleur mois de l’année dernière.
Le pouvoir d’achat des acquéreurs revient
« La combinaison des taux plus bas et d’une érosion des prix immobiliers a redonné du pouvoir d’achat aux acquéreurs », a indiqué cette semaine le courtier Cafpi. « En effet, alors qu’en 2023, une acquisition représentait cinq années de revenus, elle n’en représente plus que quatre en 2025, facilitant l’accès à la propriété », ajoute-t-il.
Chez Meilleurtaux également, on souligne la reprise. « On est vraiment dans un scénario de reprise où la demande est revenue. Janvier 2025 est le meilleur mois depuis trois ans, avec près de 55 000 demandes » de crédits immobiliers, a indiqué devant la presse cette semaine Maël Bernier, directrice de la communication du courtier.
Les courtiers saluent également deux mesures qui viendront soutenir le marché : l’élargissement, dès le 1er avril, à tout le territoire et aux maisons du prêt à taux zéro (PTZ), dispositif de soutien à l’accession à la propriété proposé aux primo-accédants jusque-là en zone tendue et pour des appartements ; l’absence de la hausse des frais de notaire pour les primo-accédants.
2024, année noire de l’immobilier
Pour mémoire, en 2024, le volume des nouveaux crédits immobiliers est tombé à son point le plus bas l’an dernier depuis 2014, selon la Banque de France. Ceci, dans un marché coincé entre des taux et des prix élevés. Dans le détail, le montant total des nouveaux crédits à l’habitat (hors renégociations) est descendu à 110,1 milliards d’euros l’année dernière.
En outre, le nombre de permis de construire a de nouveau chuté en 2024, avec des coûts de construction qui ont sensiblement augmenté, du fait de la hausse du prix des matériaux.
Selon les dernières données provisoires du ministère de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, sur l’ensemble de l’année 2024, 330 400 logements ont ainsi été autorisés à la construction, en baisse de 12,3 % par rapport à 2023. Sur un an, les autorisations de logements individuels ont reculé de manière plus importante (-14,9 %), à 118 400 unités, que les logements collectifs (-10,7 %), avec 212 000 logements autorisés.
(Avec AFP)
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