« Si on utilise la hausse des dépenses de défense pour continuer à acheter des produits standards aux États-Unis, nous renforçons notre dépendance vis-à-vis des autres pays », a déclaré Michael Schöllhorn, directeur général d’Airbus Defence and Space, dans une interview au quotidien régional Augsburger Allgemeine, ce vendredi 7 mars. Tout en saluant les annonces « logiques et absolument nécessaires » du prochain exécutif devant être mené par le conservateur Friedrich Merz, il plaide pour « la nécessité de renforcer la souveraineté de l’Europe » en matière d’armement.
Le dirigeant de l’avionneur européen cite notamment le cas du Danemark. « Les Danois, avec leurs avions américains F-35, se rendent compte que ce n’est peut-être pas une si bonne idée, s’ils devaient un jour avoir l’idée de défendre le Groenland. Ils n’arriveraient même pas jusque-là », a-t-il dit. Pour rappel, Donald Trump a dit convoiter le Groenland, vaste territoire autonome du Danemark, riche en minerais et en hydrocarbures.
Friedrich Merz veut renforcer la défense de l’Allemagne et de l’Europe pour prévenir le risque croissant d’un désengagement américain. Mais le pays reste dépendant du matériel militaire américain. Le gouvernement sortant avait annoncé, après l’invasion de l’Ukraine, un projet d’achat de 35 avions de combat F35 du constructeur américain Lockheed Martin.
« Investir dans notre économie et notre société »
« L’Allemagne, en particulier, doit prendre conscience que l’Europe est menacée et trop faible économiquement et militairement dans cette nouvelle ère de l’histoire (…). Investir dans la défense, c’est aussi investir dans notre économie et notre société », a poursuivi le responsable d’Airbus.
Face au rapprochement entre les États-Unis de Donald Trump et la Russie, les conservateurs de Friedrich Merz et les sociaux-démocrates se sont mis d’accord pour exempter les dépenses de défense du frein à l’endettement en vigueur dans le pays lorsqu’elles dépassent un pour cent du PIB, l’objectif étant de les faire grimper à 100 milliards par an.
Pour Michael Schöllhorn, les chances que Berlin commande davantage d’Eurofighter ont désormais augmenté. « L’Eurofighter est l’épine dorsale de l’armée de l’air et avec la tranche 5, nous sommes en train de préparer l’avion pour l’avenir, précise-t-il. Je suis optimiste et je pense que nous allons poursuivre les bonnes discussions avec le nouveau gouvernement et que nous allons rapidement parvenir à une commande. »
(Avec AFP)
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