Ce serait sans précédent dans l’histoire de la Pologne et même de l’Union européenne. Le président polonais Andrzej Duda a annoncé ce vendredi avoir proposé un amendement visant à inscrire dans la Constitution de son pays le niveau minimum de dépenses dans la défense à hauteur de 4 % du PIB. Soit le double de ce que demande jusqu’à présent l’Otan.
Allié de l’opposition nationaliste, Andrzej Duda a déclaré avoir soumis au Parlement un amendement constitutionnel « qui rend obligatoire de consacrer chaque année au moins 4 % de notre PIB à la défense ». L’amendement serait « une garantie que ces dépenses seront faites, que la sécurité sera renforcée », a-t-il indiqué aux journalistes au Parlement, juste avant le discours prévu par le Premier ministre Donald Tusk sur la situation de la Pologne en matière de défense.
Pour que cet amendement soit adopté, une modification de la Constitution polonaise doit être soutenue par deux tiers des membres de la chambre basse du Parlement. Il n’a pas été immédiatement possible de déterminer si la motion d’Andrzej Duda bénéficiait du soutien multipartite nécessaire pour être adoptée.
La Pologne, leader des dépenses militaires dans l’UE
Cet objectif est cohérent avec la situation actuelle de la Pologne : seul membre de l’Alliance à partager une frontière à la fois avec la Russie et l’Ukraine, le pays arrive loin devant ses alliés en matière de dépenses militaires : 4,1 % de part de PIB dépensés en 2024, et 4,7 % prévus en 2025.
D’ailleurs, le gouvernement pro-européen polonais appelle constamment l’Europe à renforcer ses capacités de défense contre la Russie, le Premier ministre Donald Tusk estimant que le continent doit gagner la « course aux armements » avec Moscou.
La Pologne, alliée fidèle de l’Ukraine, a signé une série d’accords militaires ces dernières années, notamment avec les États-Unis, pour des hélicoptères d’attaque Apache et des avions de chasse F-35, ainsi qu’avec la Corée du Sud. L’armée professionnelle polonaise compte actuellement plus de 200 000 soldats, ce qui en fait la troisième force de l’Otan, après les États-Unis et la Turquie.
Hausse des budgets à travers l’Europe
Globalement, les budgets militaires sont en augmentation dans l’Union européenne. Une réaction à la menace russe à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022. Selon le centre de recherche de la CIA, en 2023, dix pays de l’UE seulement consacraient à la défense un montant au moins égal à 2 % de leur PIB. Ce chiffre est issu d’une règle fixée par les membres de l’Otan en 2006, très peu respectée jusqu’à présent.
En 2024, les choses ont bien bougé, avec une grande majorité des Vingt-Sept qui dépensent plus de 2 % de leur PIB dans le domaine militaire, notamment la France (2,1 %), et la Suède qui a intégré l’Otan en mars 2024. Dans le même esprit que la Pologne, la République tchèque fixe aussi, via une nouvelle loi, à 2 % son niveau dépense militaire annuel.
En dehors de la Pologne, trois autres pays européens consacrent une part conséquente de PIB à leur armée : l‘Estonie (3,4 %), la Lettonie (3,2 %) et la Lituanie (2,9 %), tous limitrophes de la Russie. Rapporté au PIB, ce niveau de dépense est bien plus élevé que les États-Unis, qui consacrent 3,38 %. A l’autre bout du spectre se trouvent de l’Autriche (1 % de son PIB en 2024), Chypre (1,8 % en 2023), l’Irlande (0,2 % en 2023) et Malte (0,8 % en 2023).
(Avec AFP)
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Margot Ruault et Mathieu Viviani