C’est une question que trop peu d’épargnants se posent. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’évaluer un placement, c’est bien le rendement net de fiscalité qui compte. Et, en France, mieux vaut s’y intéresser tant le gouvernement lorgne sur votre épargne et impose une pression fiscale élevée.
Tous les placements ne sont pas égaux devant l’impôt. Certains le subissent de plein fouet. C’est le cas des livrets bancaires classiques, dont les intérêts sont taxés à 30 %. Idem pour les plus-values sur les actions détenues en compte-titres. Non seulement la performance est incertaine, mais, lorsqu’elle est au rendez-vous, l’État en ponctionne près d’un tiers… Néanmoins, le placement le plus imposé reste l’immobilier : les revenus fonciers sont soumis au barème progressif, majoré des prélèvements sociaux et parfois de l’IFI. Résultat : plus de la moitié des loyers fléchés vers le fisc…
Le livret A, seul placement exonéré
Heureusement, certaines enveloppes fiscales offrent une meilleure protection. Le PEA (plan d’épargne en actions), après cinq ans, permet de retirer les gains sans impôt sur le revenu. L’assurance-vie, au bout de huit ans, bénéficie d’un abattement annuel de 4 600 euros (9 200 euros pour un couple). Les gains sont ensuite taxés à 7,5 % ou 12,8 %, selon les montants.
Ces deux enveloppes permettent donc de réduire l’impôt… mais pas d’y échapper : les prélèvements sociaux de 17,2 % s’appliquent toujours. On les appelle « sociaux », mais ce sont bien des impôts : ils ne donnent droit à aucune protection supplémentaire, et leur taux a été relevé à plusieurs reprises sans contrepartie « sociale »…
En réalité, le seul placement totalement exonéré d’impôt et de prélèvements sociaux reste le livret A, avec ses cousins LDDS (livret de développement durable et solidaire) et LEP (livret d’épargne populaire). Leur rendement est jugé faible, mais 2 % net sur un livret A équivalent à 2,4 % sur un fonds euros et 2,85 % sur un livret bancaire fiscalisé ou un PEL (plan d’épargne logement).
Investir en nue-propriété
Outre le livret A, l’autre placement permettant d’échapper dans certains cas à toute fiscalité est… l’immobilier. Par exemple, en location meublée non professionnelle (LMNP), le régime réel permet d’amortir le bien et de réduire et parfois d’annuler le revenu imposable. Pas de revenu, pas d’impôt ! Les SCPI (sociétés civiles de placements immobiliers) étrangères ne sont pas soumises aux prélèvements sociaux.
Il faut les déclarer au barème de l’impôt, mais l’investisseur bénéficie généralement d’un crédit d’impôt permettant de réduire ou d’annuler l’impôt sur le revenu français. Enfin, investir en nue-propriété, par exemple sur des parts de SCPI, ne génère aucun revenu - donc pas d’impôt. La performance vient en fait de la décote sur le prix, de 30 à 40 %, qui disparaît à la fin du démembrement sans générer d’impôt pour l’investisseur.
Enfin, certains placements permettent de réduire directement l’impôt à payer. Le PER (plan épargne retraite) permet de déduire les versements du revenu imposable, en contrepartie d’un blocage jusqu’à la retraite. C’est un différé d’imposition, mais fiscalement très avantageux.
Les FCPI (fonds communs de placement dans l’innovation) et GFI (groupements forestiers d’investissement) offrent quant à eux une réduction immédiate de 18 % de l’investissement. Très attractifs sur le papier, ces placements sont cependant risqués, avec des frais parfois élevés et une durée de blocage longue. Il y a toujours un prix à payer quand on veut payer moins au fisc…
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Marc Fiorentino