Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi… Quelle émotion de voir surgir de la Seine, l’été dernier, les effigies dorées de ces femmes illustres. Ces statues de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques vont prochainement être installées le long de la rue de la Chapelle dans le 18e arrondissement, un des principaux points d’entrée dans Paris.
Cette décision illustre bien la bataille que nous menons à Paris pour donner de la visibilité aux femmes dans l’espace public et, par là, dans l’imaginaire collectif : à l’échelle du pays, ce sont seulement 2% des rues qui portent le nom d’une femme contre près de 15% à Paris grâce à une action résolue de rééquilibrage en faveur du matrimoine depuis des années.
Au-delà des enjeux de mémoire, le droit à la ville, c’est d’abord travailler à ce que les Parisiennes puissent se sentir à l’aise de circuler librement, à toute heure : des choix urbains tels que la largeur des trottoirs ou l’attention portée à l’éclairage public ont un impact sur l’occupation de l’espace public par les femmes, en particulier le soir.
Depuis 2014, nous menons autour d’Anne Hidalgo une transformation de l’urbanisme en faveur de l’égalité de l’occupation de l’espace public, comme avec les rénovations des sept places parisiennes et de la porte de Montreuil qui ont adopté une démarche sensible au genre. Une attention spécifique est également portée aux équipements sportifs, en particulier en extérieur, pour que ceux-ci bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes, alors qu’ils sont traditionnellement très majoritairement occupés par des hommes.
Nous voulons amplifier notre travail de lutte contre la précarité menstruelle.
Nous favorisons aussi les créneaux sportifs au sein des équipements de la ville pour les clubs qui mettent en place des équipes féminines, notamment dans le football, le futsal et le basket-ball. Des campagnes de prévention du harcèlement de rue et dans la vie festive nocturne à Paris ont aussi été lancées à grande échelle, et les agents de la police municipale parisienne sont spécifiquement formés sur ce sujet.
Nous poursuivrons également la lutte contre la publicité sexiste dans nos rues : le droit à la ville pour les Parisiennes, c’est aussi celui de pouvoir se reconnaître dans l’espace public via des dénominations féminines de rues et d’équipements sportifs et de ne pas être confronté à des contenus publicitaires sexistes dans l’espace public.
Plus largement, des réseaux de lutte contre les violences faites aux femmes ont été mis en place dans nos arrondissements : ceux-ci réunissent toutes les associations actives sur ce sujet afin de permettre une alerte et un accompagnement le plus rapide et le plus complet possible des victimes de violences, qui sont aussi accueillies directement en mairie dans plusieurs arrondissements (notamment les 18e, 19e et 20e) où elles sont accompagnées par des associations spécialisées.
En outre, alors que les femmes en situation de rue sont les premières victimes de violence, plusieurs haltes à destination de celles-ci ont ouvert durant ce mandat, dans les 5e, 12e, 13e et 18e arrondissements, pour permettre à ces femmes de se reposer, de se restaurer et de se doucher, d’avoir accès à des protections hygiéniques, sur le modèle de la halte existante à l’Hôtel de ville. Nous souhaitons qu’à la fin du prochain mandat, chaque arrondissement puisse disposer d’un tel lieu d’accueil.
Nous amplifierons également notre travail de lutte contre la précarité menstruelle, qui touche une femme sur trois, afin que des protections hygiéniques gratuites soient disponibles, à la fin du prochain mandat, dans tous les établissements publics de la Ville de Paris.
Plus globalement, il nous faudra multiplier à Paris les « maisons des femmes », ces espaces d’accueil et d’orientation des victimes de violence où des spécialistes de différents domaines (médical, juridique, psychologique, interprète pour les personnes étrangères) prennent en charge et accompagnent de manière globale les victimes.
En termes de prévention, sur le modèle de ce qui existe pour l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, nous multiplierons les campagnes d’affichage public afin de sensibiliser à la question des violences faites aux femmes, notamment pour permettre au plus grand nombre d’interpréter les signaux faibles concernant les violences psychologiques ou économiques par exemple.
Nous sommes convaincus qu’atteindre l’égalité n’est pas compatible avec la marchandisation du corps des femmes ; c’est pourquoi nous sommes abolitionnistes sur la question de la prostitution. Il nous revient de soutenir les associations qui accompagnent les personnes prostituées et celles qui œuvrent à des parcours de sortie de la prostitution et de lutte contre les violences qu’elles subissent, en reconnaissant la qualité et la nécessité du travail de ces associations. La lutte contre la prostitution des mineures, qui se développe très fortement sur Internet, doit également devenir une priorité des pouvoirs publics et nous y prendrons toute notre part.
Pour les familles monoparentales, nous travaillerons à une offre de garde temporaire, à des lieux de rencontre et d’entraide et à une aide aux vacances.
Outre la lutte contre les violences, nous voulons faire des familles monoparentales une priorité politique du prochain mandat : une famille sur trois est concernée à Paris. La majorité municipale a de longue date mis en place des mesures pour reconnaître leur situation : allocation logement pour ces familles dès 2011, priorisation d’accès en crèche… Alors que le cumul d’inégalités qui caractérisent les familles monoparentales s’accroît avec les difficultés de pouvoir d’achat et l’inflation, il est nécessaire et urgent d’aller plus loin.
C’est pourquoi nous avons fait voter au Conseil de Paris en novembre dernier le principe d’une carte « familles monoparentales » qui, sur le modèle de la carte « familles nombreuses », permettra la reconnaissance de nouveaux droits : baisse des tarifs des crèches, des centres de loisirs et de la cantine scolaire, des musées pour faciliter l’accès à la culture, aide supplémentaire sur les transports… Nous travaillerons aussi, avec les associations et collectifs de familles monoparentales, à une offre de garde temporaire, à des lieux de rencontre et d’entraide et à une aide aux vacances, pour permettre des « temps de répit », des moments de respiration auxquels chacune et chacun doivent avoir droit.
Enfin, dans le contexte de « backlash » important sur les droits des femmes que nous vivons, et alors que nous sommes alertés par les associations féministes sur des réticences croissantes, nous serons également extrêmement vigilants à ce que les interventions prévues en milieu scolaire sur l’égalité femmes-hommes, en particulier dans les établissements qui dépendent de la Ville de Paris, se tiennent effectivement et au moins à hauteur de ce qui est prévu par la loi.
Nous amplifierons les politiques en faveur de l’égalité filles/garçons à l’école, comme la mise en place des cours Oasis dans les écoles parisiennes qui permettent un meilleur partage de la cour de récréation en faveur des filles, pour lutter contre les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge, où tant se joue. Nous poursuivrons un soutien sans faille aux associations qui œuvrent en faveur des droits des femmes, de l’égalité femmes-hommes et qui viennent en aide aux femmes en situation de précarité à Paris. Face au réveil des conservatismes et du masculinisme, nous sommes plus déterminé.s que jamais à faire de Paris un havre de plus en plus accueillant pour toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur condition ou leur origine, à faire de Paris une ville féministe.
Signataires
- Rémi Féraud, Sénateur socialiste de Paris, Président du Groupe Paris en Commun au Conseil de Paris
- Gabrielle Siry-Houari, autrice féministe, adjointe au Maire du 18è arrondissement de Paris
- Patrick Bloche, Premier adjoint à la Maire de Paris
- Alexandra Cordebard, Maire du 10è arrondissement de Paris
- François Dagnaud, Maire du 19è arrondissement de Paris
- Eric Lejoindre, Maire du 18è arrondissement de Paris
- Eric Pliez, Maire du 20è arrondissement de Paris
- François Vauglin, Maire du 11è arrondissement de Paris
- Ariel Weil, Maire de Paris Centre
- Lamia El Aaraje, adjointe à la Maire de Paris, Première secrétaire fédérale du PS Paris
- Colombe Brossel, Sénatrice de Paris
- Marie-Pierre de la Gontrie, Sénatrice de Paris
- Fatima Yadani, trésorière nationale du Parti socialiste
- Dominique Kielemoës, Conseillère de Paris, déléguée à l’égalité du 11e arrondissement
- Kim Chiusano, adjointe déléguée à l’Égalité Femmes-Hommes du 10ᵉ arrondissement
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Par Rémi Féraud