La facture risque d’être salée pour les États-Unis. Le Congressional Budget Office (CBO), un organisme indépendant de prévision budgétaire, a publié mercredi de nouveaux chiffres sur le « grand et beau projet de loi » de Donald Trump. Il prévoit un alourdissement de 2 400 milliards de dollars sur la dette d’ici 2034.
Un coup de massue alors que les finances publiques des États-Unis sont de plus en plus pointées du doigt. Le total de la dette pèse désormais 37 000 milliards de dollars. Moody’s, l’agence de notation, a même retiré en mai sa note de triple A au pays. De leurs côtés, les marchés s’agitent et la pression s’intensifie sur les obligations américaines de long terme.
Le texte du président américain est censé prolonger les réductions et crédits d’impôts mis en place lors de son précédent mandat. Plusieurs milliards de nouvelles réductions d’impôts sont aussi prévues. Il contient également des coupes, notamment dans l’assurance santé Medicaid. « Nous préparons vos baisses d’impôts », peut-on lire sur le site de la Maison-Blanche avec une photo en grand de Donald Trump abhorrant un air sérieux. Si le projet de loi a bien été adopté sous pression par la Chambre des représentants en mai, il doit maintenant être validé au Sénat où les débats ont commencé lundi. Et le président espère qu’elle sera adoptée d’ici le 4 juillet.
La Maison-Blanche tempère
La publication du CBO a rapidement entraîné une levée de boucliers de la Maison-Blanche. Juste avant cette publication, l’adjoint au chef de cabinet de la Maison-Blanche, Stephen Miller, a accusé l’organisme indépendant rattaché au Congrès, qui est à majorité républicaine, d’être « de gauche ». De son côté, Russel Vought, le directeur du Bureau de la gestion et du budget des États-Unis, a contredit l’estimation du CBO qui, selon lui, n’utilise pas « une base de référence réaliste pour la politique actuelle ».
Par ailleurs, le gouvernement américain estime, sur le site de la Maison-Blanche, que son projet « prévoit la plus grande réduction du déficit depuis près de 30 ans, avec 1,6 milliard de dollars d’économies obligatoires ». Il table aussi sur une réduction de ses déficits grâce aux droits de douane, alors que les recettes restent incertaines, le président continuant à négocier des accords bilatéraux. Le CBO estime que le projet de loi entraînera une réduction des dépenses de 1 200 milliards de dollars sur dix ans.
De plus en plus de voix s’élèvent
Il n’empêche, même au sein de la majorité présidentielle, certains républicains ont affiché leur réticence et comptent apporter d’importantes modifications. « Je refuse d’accepter des déficits de plus de 2 000 milliards de dollars comme la nouvelle norme », a déclaré à ce propos un sénateur républicain du Wisconsin, Ron Johnson, sur la chaîne ABC News. D’autres montrent leur mécontentement face aux coupes budgétaires, notamment de Medicaid : des millions d’Américains pourraient perdre leur couverture santé.
Même le patron de Tesla, Elon Musk, jusqu’ici proche du président, a fait part de son mécontentement. « Ce projet de loi budgétaire énorme, scandaleux et clientéliste est une abomination répugnante », a-t-il ainsi lâché. Il a terminé la semaine dernière sa mission au sein du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), censé réduire de 1 000 milliards de dollars les dépenses publiques américaines.
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