« La décision est surprenante, décevante et regrettable », confie Henry de Harenne, porte-parole de FN Browning, manufacture belge d’armes de chasse et d’armes destinées à la défense, au presque un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Un poids-lourd face à l’ETI ligérienne Rivolier et ses 150 millions d’euros de CA.
C’est pourtant cette dernière, hier, qui a arraché les faveurs du Tribunal de commerce de Saint-Etienne au terme de la procédure de redressement judiciaire de l’armurier stéphanois Verney-Carron. Une offre coportée avec le tchèque RSBC, déjà implanté dans l’arme.
« Notre proposition industrielle était meilleure, nous avons des compétences indiscutables en matière d’armes de chasse et de défense, nous savions quoi faire pour relancer Verney-Carron. Et comme Rivolier, notre ambition était bien de développer cette entreprise sur le bassin stéphanois, où se trouve le savoir-faire. La décision du Tribunal de commerce est difficilement compréhensible », poursuit le directeur de la communication du groupe belge.
Si l’ensemble des parties du dossier – c’est-à-dire l’administrateur judiciaire, le cédant, le juge commissaire, le mandataire, les banques, et la Procureure de la République – avaient souligné, lors de l’audience la semaine dernière, le sérieux des deux offres présentées, elles s’étaient en revanche toutes prononcées en faveur de l’offre de FN Browning, au regard notamment de sa solidité financière.
FN Browning dit étudier les suites à donner
Le Tribunal de commerce de Saint-Etienne a donc choisi de ne pas suivre ces recommandations – un fait relativement rare pour être souligné -, lui préférant l’offre de Rivolier, distributeur ligérien notamment d’armes et d’équipements pour les forces de l’ordre et l’armée.
Il est expliqué dans le jugement, que La Tribune a pu consulter, qu’il a considéré que les deux projets étaient incontestablement sérieux et réfléchis, mais que Rivolier disposait d’une très bonne connaissance de Verney-Carron, puisqu’il en est le distributeur exclusif.
Par ailleurs, le Tribunal de commerce a indiqué tenir « à ce que le patrimoine, le savoir-faire, les marques, et autres droits de propriété intellectuelle, les emplois directs et indirects, dans le secteur de la filière armurière (chasse et défense) soient conservés en France et plus particulièrement à Saint-Etienne et son agglomération ».
Visiblement très motivé par cette reprise de la PME stéphanoise, qui lui aurait permis de s’ancrer industriellement encore un peu plus en France (avec en parallèle la reprise de Sofisport), FN Browning dit étudier les suites à donner à ce jugement. Un appel, rarissime dans ce type d’affaires, serait éventuellement possible de la part du Parquet. A l’heure où nous écrivons ces lignes, son représentant n’était pas joignable afin de connaitre ses intentions. Le groupe belge explique néanmoins que cette décision ne remet en cause aucun de ses projets de collaboration avec la France.
De son côté, Arnaud Van Robais, président de Rivolier, explique qu’au lendemain du jugement l’équipe s’est déjà mise à l’ouvrage pour relancer au plus vite l’activité. Sur le jugement en lui-même, il dit préférer s’en arrêter à l’évaluation globale de toutes les parties, estimant que les deux projets étaient sérieux, et explique avoir réussi à convaincre les juges grâce à un engagement fort dans le projet.