La ratification du traité sur la haute mer, dit traité BBNJ (pour Marine Biodiversity of Areas Beyond National Jurisdiction, NDLR), est l’un des sujets centraux de la troisième Conférence des Nations-Unies pour l’océan. Signé à ce jour par une trentaine de pays dont la France, il nécessite, pour son entrée en vigueur, la signature de 60 pays. Un objectif qui ne sera probablement pas atteint à Nice mais à la conférence onusienne de jouer le rôle d’entraînement et d’évangélisation pour qu’une ratification en fin d’année se concrétise.
Un traité « que nous soutenons », déclare Olivier Le Nizet. « L’encadrement de la haute mer est indispensable. Cependant, nous demandons que des contrôles comme des sanctions soient prévues en cas de non-respect de ce que définit le traité. Sinon, ça ne fonctionnera pas », estime le président du Comité national des pêches.
Dont l’autre cheval de bataille concerne la pollution tellurique : « 80% de la pollution en mer provient de la terre. Or la terre est là pour nourrir la mer, pas pour la détruire ». Une situation non maîtrisée, qui montre que « nous ne sommes pas au niveau » et que l’investissement sur des solutions correspondants aux enjeux manque. « Mais comment faire accepter à la population que l’on augmente les impôts ? ».
Décarbonation nécessaire
Le réchauffement de la température de l’eau et ses conséquences est une autre thématique que le Comité national des pêches compte aborder lors de l’UNOC. « Nous constatons la mutation des espèces, comme le poulpe ou le bernard-l’hermite, et cela va clairement impacter la future politique des pêches », souligne Olivier Le Nizet. Mais c’est clairement la décarbonation du transport maritime, qui est notamment au programme du Blue Economy and Finance Forum ces 7 et 8 juin à Monaco, qui concentre les attentions, à la fois par le besoin en financement qu’elle nécessite – « un mur d’investissement » selon les propos même du Ministère des Transports – et par l’ampleur du sujet qui concerne les navires, des conteneurs à la croisière. En passant par les bateaux de pêche. Un sujet qui irrite presque Olivier le Nizet lorsqu’on évoque la taille des bateaux ouvrant dans les zones littorales, ceux de la grande industrie, versus, ceux des pêcheurs. « Un grand bateau, c’est quelle taille ? Les grands bateaux ne viennent pas dans les zones littorales ».
Reste la question des aires marines protégées, un sujet qui porte à débat et lié à la décarbonation du transport maritime. Sur ce point, si certaines ONG militent pour un arrêt de la moindre activité dans leur périmètre, d’autres, à l’instar d’Alexandra Cousteau, estiment que c’est une pêche raisonnée qui doit prévaloir. Une position que partage Olivier Le Nizet. « Les aires marines protégées ont du sens mais on ne peut pas tout interdire. Les zones de protection forte sont utiles mais il faut savoir s’appuyer sur la connaissance scientifique ».