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Yasmine Belkaid, DG de l’Institut Pasteur : « Protéger la recherche, c’est aussi défendre l’Europe »

mars 9, 2025
in @La Tribune, Économie
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Yasmine Belkaid, DG de l’Institut Pasteur : « Protéger la recherche, c’est aussi défendre l’Europe »
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La Tribune - Economy

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Elle pilote l’Institut Pasteur depuis janvier 2024. Yasmine Belkaid, une chercheuse née à Alger en 1968, qui possède les nationalités algérienne, française et américaine, a dirigé le centre d’immunologie du NIH (National Institutes of Healh) à Washington avant de revenir à Paris. Face à la montée d’un obscurantisme anti-science dans l’Amérique de Donald Trump, elle s’inquiète des graves conséquences pour la santé qu’auront les évolutions en cours aux États-Unis.

LA TRIBUNE DIMANCHE — Vous avez participé ce vendredi à Paris à la manifestation Stand Up for Science, une marche pour alerter face aux menaces qui pèsent sur les institutions scientifiques aux États-Unis. Pour quelles raisons ?

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YASMINE BELKAID — Pour montrer notre solidarité avec la grande famille de la recherche biomédicale dans un moment où la science est menacée. Ce qui se passe depuis un mois aux États-Unis a des répercussions dans le monde entier. Aujourd’hui, l’obscurantisme et la censure des thèmes de recherche, le fait que les scientifiques connaissent des situations d’angoisse et de pression sont en train de complètement changer la donne dans le pays qui a investi le plus dans la recherche biomédicale depuis la dernière guerre.

Que se passe-t-il concrètement après ces coupes budgétaires ?

Il y a des pressions, des changements de direction, avec des directeurs qui ne sont pas des défenseurs de la science mais des gens mis là pour contrôler la science. Les scientifiques reçoivent des mails quotidiens qui les terrorisent et des menaces d’être renvoyés à tout moment. Les jeunes chercheurs apprennent brutalement qu’ils ne sont pas maintenus. C’est l’élite scientifique, toute une jeunesse, qui va être sacrifiée.

Quelles seront les conséquences sanitaires ?

Les États-Unis ont banni des sujets de recherche, comme ceux liés aux femmes ou à l’environnement, et procédé à la destruction d’organisme de recherche d’aide internationale comme l’USAid, qui a sauvé des millions de vies en distribuant des médicaments peu chers contre le VIH ou la tuberculose. S’il n’y a plus ce système, il y aura des interruptions dans la distribution de médicaments nécessaires à la survie de plusieurs dizaines, voire de centaines de millions de personnes. Mais cela va aussi favoriser l’émergence de pathogènes résistants à ces médicaments si l’on diminue les quantités fournies. Ce qui nous reviendra en boomerang un jour, c’est certain.

Avec la nouvelle attitude de l’administration Trump, le monde est plus en danger qu’il y a cinq ans face à de nouvelles épidémies.

Est-ce une opportunité pour l’Europe ?

Ce que l’on voit, c’est un fort désir de retour ou de départ des scientifiques des États-Unis vers l’Europe. Je reçois quotidiennement des demandes de gens qui veulent rentrer, des Français ou des Européens ou même des Américains qui ne se sentent plus capables de faire leur recherche ou ont peur de la faire d’une façon libre. On peut appeler ça une triste opportunité, mais c’est une opportunité quand même.

Votre stratégie chez Pasteur, dévoilée en janvier, repose sur le développement de ces programmes. Est-ce qu’un mouvement de résistance peut émerger en France ?

Notre plan stratégique n’avait pas été conçu dans cet objectif au départ, mais il est vrai que l’on remplit l’espace le plus attaqué par les États-Unis. Nous avons fixé des priorités qui correspondent à des besoins nouveaux de la société. D’abord, les maladies infectieuses en lien avec l’émergence des nouveaux pathogènes et de nouveaux vecteurs de transmission comme le moustique ou la tique sont le domaine d’excellence de Pasteur. Nous avons aussi mis l’accent sur les origines des maladies pour mieux comprendre les causes de certaines inflammations et leur relation avec le cancer, en particulier chez les jeunes et les femmes ou les personnes âgées. Nous sommes en train de recruter des gens qui sont prêts à traverser l’Atlantique pour travailler sur ces thèmes.

Si vous deviez adresser un message au président de la République, que lui diriez-vous ?

Nous échangeons avec l’Élysée et le gouvernement, et nous invitons le président à soutenir, amplifier et concrétiser le mouvement Stand Up for Science, de la même façon que le président a pu dire « make our planet great again » lorsque les États-Unis sont sortis en 2017 de l’accord de Paris. C’est un moment d’opportunité pour l’Europe. Il y a un sous-investissement chronique dans la recherche fondamentale médicale, avec seulement 0,3% du PIB investi, contre 0,9% pour l’Allemagne. Pour autant, la France a de magnifiques atouts à faire valoir pour attirer les meilleurs chercheurs. Quelques années plus tôt, dans le contexte de France 2030, des chaires d’excellence avaient été mises en place avec l’objectif d’attirer des chercheurs, dont j’ai bénéficié lorsque j’ai choisi de revenir en France en 2024. C’est un formidable dispositif qu’il faut développer pour faire venir davantage de talents étrangers en France, et pourquoi pas en réservant certaines places aux chercheurs venus des États-Unis ? Il est temps de se positionner comme des acteurs centraux de cet écosystème de recherche, nécessaire pour notre souveraineté économique.

Emmanuel Macron veut augmenter le budget de la défense. N’avez-vous pas peur que cette décision soit prise au détriment de la recherche ?

Je comprends que le président souhaite préparer notre pays et l’Europe dans ce contexte de montée des tensions internationales. Mais si nous devenons plus vulnérables aux maladies infectieuses et aux prochaines pandémies, ces investissements n’auront pas grand sens. C’est un moment difficile pour l’Europe, et sa protection passe bien entendu par des investissements dans la défense, mais aussi par une protection sanitaire contre les maladies. La recherche fondamentale est la source d’une puissance économique extraordinaire. Protéger la recherche et la science, c’est donc aussi défendre l’Europe et une certaine idée de l’Europe, continent des Lumières. J’appelle tous les acteurs, publics et privés, à y prendre part !

Avant de s’occuper de médecine personnalisée, il faudrait déjà que l’on ait plus de données sur la santé des femmes.

Cinq ans après le Covid, craignez-vous que les pressions anti-science aux États-Unis ne fassent empirer la situation quant aux futures pandémies ?

Le problème de l’humanité, c’est que notre mémoire fonctionne à court terme. Il y aura de plus en plus de pandémies, c’est inévitable. Les mouvements humains, l’évolution du changement climatique et les pressions écologiques que nous exerçons sur l’environnement et bien d’autres éléments favorisent les maladies émergentes. Avec la nouvelle attitude de l’administration Trump, le monde est plus en danger qu’il y a cinq ans face à de nouvelles épidémies. L’évolution des microbes ne tient pas compte des changements politiques.

Comment rétablir la confiance dans la science et les vaccins ?

Notre rôle est avant tout pédagogique. Il faut que la recherche soit accessible et que nos scientifiques soient capables d’engager des discussions avec la société. La confiance s’installe avec le dialogue et le respect. Nous devons être capables de comprendre que les gens ont peur et ne pas les mépriser. Mais il faut aussi que nos gouvernements soient porteurs de ces messages, car la science est au service de la société.

Hier, c’était la Journée internationale des droits des femmes. Ces dernières ont été les oubliées de la recherche pendant des années et, avec Trump, le mot « femme » ne doit même plus être mentionné dans les articles scientifiques.

Il ne faut surtout pas interrompre les recherches sur le sujet en Europe, notamment si les États-Unis se retirent complètement, car nous en avons besoin. Par exemple, certains médicaments peuvent être toxiques pour les femmes et bons pour les hommes, en raison de nos différences biologiques. Avant de s’occuper de médecine personnalisée, il faudrait déjà que l’on ait plus de données sur la santé des femmes, qui représentent 50% de la population. Nous sommes à des années-lumière de là où on devrait être aujourd’hui. Je pense que si les hommes souffraient de l’endométriose, nous aurions déjà des traitements.

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Propos recueillis par Marie Nidiau et Philippe Mabille

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