Par ici la monnaie ! Soutenu par la passivité de l’État, le marché éducatif, en plein essor, permet à de (trop ?) nombreuses écoles privées de fleurir sur le territoire. Au détriment des étudiants.
Après le scandale du financement et du manque de contrôle des Ehpad et des crèches déboule celui de l’enseignement supérieur privé. Rares sont ceux qui n’ont pas une expérience négative à raconter. Du père dont la fille en école de design n’a que des cours à distance, au cousin dont l’école de commerce aurait été remplie à 60 % par des étrangers en quête de titre de séjour, en passant par le voisin dont le fils inscrit en école de gestion ne voit que des intervenants dits professionnels, mais, en réalité, sans grande expérience.
En 2024, 26 % des étudiants (soit 736 800) étaient inscrits dans l’enseignement supérieur privé contre 15 % dans les années 1990-2000. Environ la moitié de ces étudiants du privé sont inscrits dans un établissement relevant du secteur à but lucratif, soit plus d’un étudiant sur dix. Pour des raisons démographiques d’abord. L’enseignement public n’est pas en capacité financière d’absorber un public étudiant né pendant le boom de l’an 2000, toujours plus nombreux.
Selon un rapport parlementaire présenté en avril 2024 par les ex-députées Estelle Folest et Béatrice Descamps, le privé a absorbé, entre 2017 et 2021, 63 % des étudiants supplémentaires et le public, seulement 37 %. Cette forte hausse du privé lucratif ne peut s’expliquer uniquement par l’insuffisance des moyens du secteur public. Ces députées font le « constat préoccupant » d’une « désaffection des étudiants pour l’université en raison d’un encadrement jugé insuffisant, de taux d’échecs redoutés en première année ou encore du manque de formations répondant aux aspirations de la jeunesse, notamment dans le secteur des industries culturelles ».