Une théorie narcissique en Algérie avance l’idée que c’est Alger qui choisit le futur président français en le soutenant en secret. Par usage de « la valise », par consignes de vote communautaire, par illusion ou pensée magique postcoloniale, Alger influencerait le choix des Français. Cette fois, en 2027, ce sera peut-être vrai : Alger incitant tout un pays à voter pour l’extrême droite, juge notre chroniqueur, l’écrivain lauréat du Prix Goncourt 2024, Kamel Daoud.
Imaginons une dystopie simpliste mais probable : en 2027, l’extrême droite s’empare du pouvoir en France et impose sa camisole identitaire à l’ensemble du pays. Partout sur les plateaux de télévision, on débat des radicalités triomphantes. « Qui est responsable ? » criera-t-on. On le sait, la France, une certaine France, cultive le délice de la culpabilité ou l’art de culpabiliser les autres. Alors on creusera le passé immédiat, on s’accusera, on fusillera avec quelques sentences les gens de droite, les désossés de la gauche, ou bien les excités Insoumis. Mais c’est seulement parce qu’en Occident, on aime garder le monopole, y compris le monopole sur la faute universelle et la culpabilité.