La vie s’écoule étouffée depuis si longtemps. Goli contemple sa fille Ghazaleh qui souffre d’une sclérose en plaques et s’interroge : « Et si eux, les sionistes, nous libéraient de cet enfer ? » L’arbre qui assombrit leur joli trois-pièces au 3e étage d’un petit immeuble de Téhéran, semble au diapason de son humeur mélancolique. D’ordinaire, le monde vient à elle par la lucarne de l’immense télévision qui trône dans le salon. Dans la nuit du jeudi12 au vendredi 13 juin, il a fait irruption avec fracas, dans cette atmosphère ouatée où elle et sa famille se sont réfugiées depuis 1979, date de la révolution islamique.
Contactée sur un réseau social, Goli (le nom a été changé) explique qu’ils ont bien entendu les détonations dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais la surprise a été totale en descendant vendredi matin faire des courses. « Nous habitons dans le nord de la capitale, dans une petite rue pas très loin d’une grande tour qui a été touchée. Je n’ai même pas vu l’impact tout de suite. C’est mon mari Reza qui l’a remarqué. » Sur le sol, elle remarque ce bout de métal - un morceau de « bombe », pense-t-elle aussitôt.