« Nous arrivons avec un catalogue de produits et de futurs produits visibles, soit en exposition soit en vol. Nous ne sommes plus dans des intentions mais bien dans la démonstration », clame Bruno Darboux, le président d’Aerospace Valley. Ce pôle de compétitivité couvre l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, deux régions qui seront fortement représentées au Salon du Bourget, du 16 au 22 juin, avec respectivement 48 et 71 exposants accompagnés.
« Nous serons la troisième région en nombre d’exposants [derrière l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, NDLR] dans un contexte de montée en puissance des enjeux de défense, de souveraineté, de cadence industrielle et de décarbonation », montre Alain Rousset, le président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Et pour trouver les têtes d’affiche régionales, il faut se tourner vers la Charente-Maritime.
Contrat historique pour Elixir Aircraft
C’est en effet sur l’aéroport de La Rochelle qu’Elixir Aircraft est installé pour construire son avion bi-place « ultra-frugal ». L’entreprise vient de décrocher une commande historique de 30 exemplaires auprès de la prestigieuse École nationale de l’aviation civile (Enac). « C’est l’aboutissement d’années de discussion, nous sommes très fiers de cette marque de confiance de l’État qui assure de l’activité à notre usine pour les années qui viennent », se réjouit Cyril Champenois, cofondateur d’Elixir Aircraft.
Ces 30 exemplaires, livrables en 2026 et 2027, s’ajoutent aux 30 déjà en service et aux 50 commandes fermes enregistrées en Europe. « Nous finalisons également la certification aux États-Unis où nous comptons environ 300 pré-commandes », ajoute le dirigeant. Elixir Aircraft prévoit toujours de disposer courant 2026 d’une nouvelle usine de 14.000 m² à l’aéroport de La Rochelle. Objectif : parvenir d’ici à 2030 à fabriquer 400 exemplaires par an de son biplace. Cet avion léger, qui affiche une consommation d’essence réduite de 70 %, se destine prioritairement aux écoles de pilotage.
Voltaero, un nouveau design pour son futur avion
Également basé en Charente-Maritime, le constructeur Voltaero avance de son côté sur son projet d’avion avec propulsion électrique-hybride. Il présente, sur cette édition du Bourget, le dessin du Cassio 330 (pour sa puissance, 330 kilowatts) qui sera la première version produite par Voltaero. « Nous arrivons avec une architecture différente à l’arrière, plus facilement certifiable », explique Jean Botti, directeur général de Voltaero, qui a bon espoir de voir la certification aboutir fin 2027.
La production devrait débuter six mois avant, mais le prototype sera assemblé dès 2026 dans son usine de Rochefort inaugurée en novembre dernier. « Ce sera la concrétisation d’un long projet dont l’enjeu est de faire en sorte que la France se remette au centre de l’aviation générale alors que le monde de la petite aviation appartient aux Américains et aux Chinois. » En attendant, c’est le Cassio S de 600 kilowatts, plus puissant, qui volera au Bourget.
Le nouveau dessin du Cassio 330. (crédits : Voltaero)
À ce stade, le Cassio 330 fait l’objet de 251 pré-commandes, mais « une belle annonce est prévue ce mercredi 18 juin », promet Jean Botti qui, en dehors du Cassio 330, a également annoncé début juin le lancement de la commercialisation de son groupe module hybride HPU 210, une technologie propulsive brevetée adaptée aux avions ultra-légers. « Le salon d’Oshkosh aux États-Unis en juillet, qui est le plus gros salon d’aviation générale au monde, sera l’occasion de voir les marques d’intérêt de ce module et de prendre les premières commandes. »
Voltaero compte actuellement 33 personnes et travaille avec une équipe d’une dizaine de personnes en Italie. À terme, l’usine d’assemblage devrait employer 120 personnes pour la fabrication de 150 avions par an. En matière de recherche de financements, Jean Botti explique être « en très bonne posture. Nous devrions annoncer rapidement des investissements privés. »
Hynaero envisage Pau, Nîmes ou Istres
Présente sur le stand de la Nouvelle-Aquitaine, Hynaero projette un avion bombardier d’eau européen capable de succéder voire de remplacer le vénérable Canadair. Baptisé Fregate F-100, l’appareil se trouve à un tournant décisif pour son avenir après avoir financé et mené à bien la première phase de faisabilité. La jeune entreprise, jugée crédible et complémentaire du projet toulousain Aerotec & Concept, s’attelle désormais à lever 15 millions d’euros pour la phase de design de son avion d’ici l’été 2026 et sélectionner un terrain pour sa future usine.
Mais, selon nos informations, Hynaero est courtisée par plusieurs régions et ne sait pas encore si elle s’installera près de l’aéroport de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, ou plutôt du côté de Nîmes, en Occitanie, ou de la base d’Istres, en Région Sud. Les trois régions seraient sur les rangs pour accueillir l’usine d’assemblage du Fregate F-100 qui promet 500 emplois directs à l’horizon 2031. Le Salon du Bourget pourrait être susceptible d’accélérer les discussions en cours.
432 Technologies vers le passage à l’échelle
De son côté, 432 Technologies, ne sera plus sur le stand des start-up mais bien sur celui des entreprises, « une première avec un stand de cette taille », confie Jean-Baptiste Ado-Solaberrieta, son dirigeant-fondateur. L’occasion pour cette société d’ingénierie de Saint-Jean-de-Luz, qui conçoit des systèmes pour opérer en milieux complexes et contraints (air, mer et hors connexion), de présenter ses produits qui répondent à un double enjeu : améliorer les performances et réduire les coûts d’opérations. Le premier produit, Zephyr-HEOL, déjà distribué et opérationnel sur les navires et les hélicoptères de l’État permet de rendre plus sûrs et efficaces les décollages et atterrissages d’hélicoptères sur des navires et des plateformes en mer et à terre.
Le deuxième (système Margo) combine capteurs, logiciels embarqués et analyse de données pour augmenter l’efficacité opérationnelle des navires et des engins qu’ils déploient. « Les capitaines de bateaux et les opérateurs d’hélicoptères ou drones auront une maîtrise des opérations et un contrôle de sécurité non pas sur la trajectoire à employer mais sur l’ensemble des trajectoires compatibles à ce qu’ils veulent faire », explique Jean-Baptiste Ado-Solaberrieta qui précise que le monde offshore est particulièrement ciblé.
Le système a été testé l’année dernière sur un navire de l’État autour du monde. « L’enjeu est désormais de passer à l’échelle », explique Jean-Baptiste Ado-Solaberrieta pour qui le salon du Bourget sera l’occasion de rencontrer des clients et des prospects. 432 Technologies discute en l’occurrence avec des constructeurs et des intégrateurs aéronautique et naval pour le système Margo.
