Avec les progrès de l’intelligence artificielle, il devient de plus en plus difficile de débusquer les fausses informations. Mais le modèle taïwanais pourrait peut-être nous aider dans cette lutte. Nous avons pu rencontrer Audrey Tang, ancienne ministre taïwanaise, devenue ambassadrice du numérique pour son pays. Interview éclairante depuis Taipei sur un phénomène particulièrement complexe.
La Tribune : Les campagnes de désinformation menées par la Chine à l’encontre de Taïwan présentent-elles des similitudes avec celles orchestrées par la Russie en Europe ?
Audrey Tang : La différence principale, jusqu’à maintenant, c’était la proximité linguistique entre Taïwan et Pékin. Il existe en effet très peu de marqueurs pour distinguer un message écrit en chinois depuis Pékin ou depuis Taïwan. Les Européens avaient certes l’avantage de ne pas parler la même langue que les Russes, mais avec les progrès de l’IA, il devient possible de produire du contenu en français depuis la Russie sans que cela se voit trop. Donc, dans un sens, la situation européenne se rapproche maintenant de celle de Taïwan.