Frédéric Taddeï : “L’actualité est l’écume des choses, on ne peut la raconter que si l’on s’intéresse à la mer en dessous”

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Frédéric Taddeï : “L’actualité est l’écume des choses, on ne peut la raconter que si l’on s’intéresse à la mer en dessous”





















« “Marianne” ne m’a pas attendu pour faire ses preuves. J’entends en revanche renforcer la ligne éditoriale qui a fait son succès. », déclare Frédéric Taddeï.
JOEL SAGET / AFP

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Le nouveau directeur du magazine « Marianne », Frédéric Taddeï, revient sur son engagement et sa vision pour le futur de l’hebdomadaire.

J’ai l’honneur de succéder à Natacha Polony, qui a été directrice de la rédaction de Marianne pendant six ans, et, bien entendu, à Jean-François Kahn, son fondateur, grand patron de presse, pour qui j’ai toujours nourri tendresse et admiration. Le premier hebdomadaire auquel je me suis abonné, à 17 ans, c’était les Nouvelles littéraires. D’une antique revue culturelle datant des années 1920, il avait fait un magazine à succès, à la pointe des débats de l’époque. Qu’il ait adoubé ma nomination à la tête de Marianne avant de mourir m’a ému aux larmes.

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Je veux rassurer les lectrices et les lecteurs. Il n’est pas dans mes intentions de changer leur magazine de fond en comble. Marianne ne m’a pas attendu pour faire ses preuves. J’entends en revanche renforcer la ligne éditoriale qui a fait son succès. Ce que j’ai dit aux journalistes de la rédaction tient en quelques points. Je vous les livre tels quels.

Comprendre l’époque

Marianne ne s’appelle pas Marianne par hasard. C’est un magazine qui défend les valeurs de la République française : liberté, égalité, fraternité, laïcité. Il est contre la guerre civile et tous ceux qui y aspirent, quel que soit leur bord.

Toutefois, Marianne a toujours été le plus contestataire, le plus non-conformiste de tous les grands news magazines. Il se doit d’informer ses lecteurs en restant indépendant de tous les pouvoirs, dans quelque domaine que ce soit. Indépendant ne veut pas dire systématiquement hostile, ni « anti » par principe. Marianne n’est pas un magazine d’opinion. C’est un magazine qui s’adresse au plus grand nombre, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas d’opinion toute faite.

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Il est de bon ton de proclamer, depuis le début du XXIe siècle, que le monde est devenu complètement fou, qu’il est incompréhensible, impensable… C’est faux. Notre époque n’est pas plus incompréhensible que celles qui l’ont précédée. Et c’est notre tâche de l’expliquer, sans a priori, sans « prêt-à-penser », sans complotisme, sans attaques personnelles faciles, sans boucs émissaires commodes (le capitalisme, la mondialisation, le néolibéralisme, les riches, les assistés, l’Occident, l’Union européenne, l’islam, Israël, les réseaux sociaux, le gouvernement, la gauche, la droite, Emmanuel Macron, Donald Trump, etc.)

Le but de Marianne est de comprendre l’époque dans laquelle nous vivons et de l’expliquer par des faits, des chiffres, des enquêtes. Mais l’actualité est l’écume des choses, on ne peut la raconter que si l’on s’intéresse à la mer qui est en dessous. Le journaliste est un « sociologue pressé ». Il a besoin du renfort de ceux qui travaillent depuis longtemps sur les sujets qu’il aborde : historiens, géographes, économistes, scientifiques, sociologues, politologues, juristes, démographes, philosophes, linguistes, archéologues, paléoanthropologues… Nous aurons recours à leur savoir le plus souvent possible, sous forme d’interviews, de tribunes, de débats « pour » et « contre » afin que les lecteurs comprennent où est le problème et puissent se forger leur propre opinion.

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Nous sommes des journalistes. Nous ne sommes pas des flics, ni des juges, ni des curés, ni des militants. Nous n’avons que faire des préjugés, des rumeurs, des croyances, des idéologies. Nous rapportons des faits, nous les hiérarchisons et nous travaillons à leur interprétation. C’est ce que les lecteurs attendent de nous. C’est ici, en dernière page, que vous me retrouverez. Pas pour avoir le dernier mot. Pour avoir du recul. C’est souvent ce qui nous manque par les temps qui courent.


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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne

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