Dès son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a donné le ton en matière de politique énergétique. Le président a signé un décret intitulé « Unleashing American Energy », visant à assouplir la réglementation et à favoriser l’extraction des énergies fossiles, tout en réduisant les contraintes environnementales et les incitations fiscales à la transition énergétique.
À Houston, ce lundi, à l’occasion de la conférence mondiale sur l’énergie CERAWeek 2025, trois représentants de son administration doivent préciser l’articulation de cette politique, en particulier son impact sur les énergies renouvelables.
Le ministre de l’Énergie, Chris Wright, ouvrira l’événement ce matin. Fondateur de Liberty Energy, une entreprise spécialisée dans les équipements pour le gaz et le pétrole de schiste. Lors de son audition de confirmation au Sénat, il s’est dit favorable à la croissance des capacités énergétiques américaines en général, sous toutes ses formes, y compris fossiles. Plus tard dans la semaine, Doug Burgum, ministre de l’Intérieur chargé de la gestion des terres fédérales – dont certaines sont louées à des compagnies énergétiques – prendra la parole. Autre figure attendue : Lee Zeldin, nouvel administrateur de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) et avocat climatosceptique.
Dès le jour de son investiture, Donald Trump avait signé un décret visant à désengager les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat – comme il l’avait fait lors de son premier mandat. Une mesure, venant du deuxième pollueur mondial derrière la Chine, qui met en péril les efforts mondiaux face au dérèglement climatique. Elle devrait être effective dans un an.
Le républicain a aussi déjà annoncé bloquer tout nouveau projet éolien aux États-Unis pendant son mandat et supprimer les incitations fiscales pour les fermes éoliennes – même si cette dernière mesure dépend du Congrès et non de l’exécutif. « Les éoliennes sont un désastre économique et environnemental », a clamé Donald Trump, sur son réseau Truth Social. « Je ne veux pas en voir ne serait-ce qu’une construite sous ma présidence.» Enfin, il a annoncé, mercredi 26 février, un objectif de réduction d’environ deux tiers des effectifs de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine.
Le gaz américain en plein essor
« 2025 risque d’être une année blanche, avec des hésitations sur l’avancement des initiatives bas carbone », estime Dan Pickering, du cabinet Pickering Energy Partners. Pour l’instant, la production pétrolière américaine, déjà à des niveaux records avant l’investiture de Trump, ne semble pas avoir été impactée par ce changement de cap. En revanche, le secteur du gaz naturel s’active. Vendredi, Venture Global a annoncé un investissement supplémentaire de 18 milliards de dollars pour agrandir son terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Plaquemines, en Louisiane.
« Nous sommes déjà devenus le premier exportateur mondial de gaz naturel », a rappelé Chris Wright jeudi sur Bloomberg Television. « Et je pense que dans les prochaines années, nos exportations vont plus que doubler. » Le décret présidentiel du 20 janvier a levé le moratoire sur les nouveaux terminaux d’exportation imposé par Joe Biden un an plus tôt au nom de la lutte contre le changement climatique. L’Europe, premier client du GNL américain, en a massivement importé après l’invasion de l’Ukraine pour réduire sa dépendance au gaz russe. « Le GNL américain a joué un rôle crucial », souligne Jonathan Elkind, chercheur à l’université Columbia. Mais la nouvelle donne diplomatique introduite par Donald Trump, avec un rapprochement marqué avec la Russie et des tensions avec l’Europe sur l’Ukraine, jette le doute sur l’engagement des États-Unis à continuer d’alimenter le Vieux Continent en énergie. « Il est difficile de dire si Donald Trump est un partenaire ou un adversaire », observe Jonathan Elkind. « Et c’est un choc après 70 ans d’alliance étroite. ».
(Avec AFP)
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