Les polluants éternels dans les vêtements, c’est bientôt fini ! Au 1er janvier 2026 seront interdites « la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché » de tout vêtement ou chaussure contenant des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) en France, à l’exception de ceux « conçus pour la protection et la sécurité des personnes » (défense nationale et sécurité civile). Et en 2030, cette interdiction concernera l’ensemble des textiles (ameublement, automobile, etc.).
Pour rappel, quasi indestructibles et présents dans quantité d’objets et de produits, les PFAS s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, l’eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, notamment dans le sang et les tissus du rein ou du foie. Si les connaissances sur leurs risques sanitaires associés sont insuffisantes, voire absentes, de l’avis même d’autorités sanitaires, des effets néfastes sur le métabolisme humain ont été pointés pour plusieurs d’entre eux.
Bras de fer avec les industriels du textile
Reste que ce calendrier — obtenu de haute lutte par certains acteurs du secteur textile — est plus tardif et étalé que la proposition de loi initiale ne le prévoyait. Ces derniers sont, en effet, inquiets pour leurs activités. Si l’Union des industries textiles (UIT) salue « les évolutions du texte », elle signale « l’absence de disposition concernant l’écoulement des stocks existants ».
La fédération — qui regroupe quelque 2 400 entreprises textiles (mode, luxe, maison, automobile, aéronautique, etc.) — s’interroge aussi sur « le calendrier d’application, en avance sur le reste de l’Europe » qui « risque de créer une distorsion de concurrence ». De fait, si l’UE réfléchit à la question, la loi française vient créer une différence de standards à l’échelle européenne qui chagrine certains, quand d’autres s’en réjouissent.
Des marques qui tournent le dos au PFAS
Les marques de sports de plein air, particulièrement sensibilisées aux enjeux environnementaux, « se sont orientées vers d’autres composants » depuis plusieurs années déjà, témoigne Céline Brunel, directrice de l’association Outdoor Sports Valley (OSV). Notamment celles qui exportent aux États-Unis, un pays « qui a mis en place des restrictions bien plus tôt qu’en France ». Le suédois H&M avait également indiqué au rapporteur de la loi ne plus utiliser de PFAS « depuis dix ans ».
Des marques ont commencé sans, comme Lagoped, spécialisée dans les sports d’aventure (montagne, voile, etc.) qui décide dès sa création en 2018 « de ne pas inclure de PFAS », selon son PDG Christophe Cordonnier.
Pour autant, « quand on achète nos tissus, on doit préciser “sans PFAS”, sinon le standard c’est avec, c’est fou », témoigne le dirigeant qui affirme à l’AFP que s’approvisionner ainsi ne coûte pas plus cher, mais concède que les textiles sont un peu moins performants.
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