Si le processus de dissolution pour cinq associations de supporteurs a débuté, la situation reste compliquée pour le ministère de l’Intérieur.
Depuis quelques jours, le ministère de l’Intérieur a entamé un processus de dissolution pour cinq associations (ou groupements de fait) de supporteurs de football en France. Cette volonté des autorités pose de nombreuses questions autour de la situation dans les tribunes françaises. Dans un télégramme envoyé aux Préfectures, Bruno Retailleau demande le “renforcement de la prévention des violences liées” aux matchs de football.
“Alors que des incidents intolérables sont survenus sur l’ensemble du territoire depuis le début de la saison professionnelle de football, il apparait indispensable de renforcer la réponse de l’État et mieux prévenir les troubles à l’ordre public et slogans discriminatoires”, écrit le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans un télégramme envoyé le 6 mars dernier à tous les Préfets. Ce message est régulièrement rappelé aux représentants de l’État en région.
Mais au même moment, le ministre de l’Intérieur a décidé d’entamer un processus de dissolution de cinq groupes de supporteurs (ou groupements de fait) présents dans les tribunes françaises. Une mesure assez rare pour des associations liées au football et qui pose de nombreuses questions.
“Nous n’avons eu que des messages de soutien, même le coach a eu un petit mot pour nous”, fait savoir un cadre de la Brigade Loire auprès de RMC.
Ce processus entamé par les services de l’État n’est pas du tout compris chez les supporteurs ou les représentants des groupes de supporteurs sondés par RMC, depuis ce vendredi soir. Les groupes notifiés vont pouvoir se défendre dans les prochaines semaines, avant une décision finale qui reviendra notamment au ministre de l’Intérieur. “Une notification ne veut pas dire dissolution, il y a tout un processus à respecter et il faut que le dossier soit solide pour une présentation en Conseil des ministres avant la dissolution”, fait savoir un proche du dossier.
“Mais où sont les présidents de clubs?”
Les groupes visés sont encore dans l’attente des justifications du ministère de l’Intérieur pour entamer ce processus. “On parle de groupes de supporteurs qui organisent des déplacements avec des milliers de supporteurs et font vivre des stades tous les week-ends”, ajoute ce supporteur du FC Nantes. “Ils veulent tout simplement des stades morts, sans vie, sans ambiance. Mais où sont les présidents de clubs sur ce dossier capital pour l’avenir du football français?”, ajoute ce supporteur stéphanois. Depuis plusieurs mois et le départ d’Amélie Oudéa-Castéra du ministère des Sports, le dialogue entre les autorités et les groupes de supporteurs est proche du néant. Au même moment, les arrêtés d’interdiction de déplacement et d’encadrement des déplacements de supporteurs explosent en France.
Et la colère monte dans les tribunes françaises. Ce week-end, plusieurs groupes de supporteurs ont décidé de faire passer un message aux autorités. Une mobilisation et un regroupement des causes qui pourraient s’amplifier dans les prochaines semaines. Les ex-Greens Angels et les Magic Fans, à Saint-Étienne, ont eux choisi de publier un communiqué pour faire passer un message assez clair: “Le Chaudron ne se dissout pas!” Un responsable de la sécurité d’un club de Ligue 1 s’étonne même des “choix surprenants” dans ce processus de dissolution. Et d’ajouter: “Il n’y a aucune cohérence, aucun dialogue, c’est assez fou.”
Les Strasbourg Offender, un cas à part
L’un des groupes de supporteurs notifié par les services de l’État est un cas à part. Les Strasbourg Offender, un groupe bien connu dans le petit monde de l’hooliganisme, inquiètent fortement les autorités depuis plusieurs saisons. Ce groupuscule regroupe des membres, hooligans d’ultradroite, avec une idéologie néo-nazie, où la règle de ne parler avec aucun journaliste semble respectée. Ils sont régulièrement présents dans les déplacements du RCSA et participent à de nombreux “fights” avec des supporteurs adverses.
Sur les réseaux sociaux spécialisés, il n’est pas rare de voir des photos des Strasbourg Offender avec des membres qui réalisent un salut nazi et des cagoules aux couleurs du Racing. La dissolution de ce groupe est d’ailleurs réclamée depuis plusieurs années par plusieurs représentants politiques.