Au tour d’un banquier suisse de passer une mauvaise journée à la barre du procès sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, ce 10 mars. À Genève, Wahib Nacer gérait les fonds de richissimes Saoudiens, mais selon l’accusation, les fonds de ses clients étaient utilisés par Alexandre Djouhri… En toute opacité. Espèces comprises.
« C’était un capharnaüm, et c’est tombé sur moi ». Dans le procès libyen, Wahib Nacer est une cheville ouvrière embarrassée. À 80 ans, cet homme longiligne, cheveux blancs et peau mate des gens du désert djiboutien, ne rate depuis le 6 janvier aucune audience de son procès. Y compris depuis le début du ramadan, qui le met à plat en fin de journée. Il a pour lui une voix calme, des propos mesurés et une affabilité qui tranche avec les dépositions tonitruantes d’autres prévenus. Mais même si les formes y sont, le fond, avec lui, reste tout aussi ténébreux.
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Employé il y a fort longtemps de la banque Indosuez à Genève, Wahib Nacer change de casquette de banquier quand le Crédit Agricole rachète la banque suisse. Il refuse d’être affublé de l’expression de « banquier », réservée selon lui à ceux « qui possèdent une banque », mais préfère celle de « salarié bancaire ». Il faisait du « marketing debout », c’est-à-dire, en français simple, qu’il gérait les avoirs d’une dizaine de richissimes clients.