[Article publié le mardi 11 mars 2025 à 11h52, mis à jour à 12h28] Les heures passent et, pourtant, l’incendie provoqué par la collision lundi matin entre un cargo et un pétrolier en mer du Nord n’a toujours pas été maîtrisé. Il « a fait rage toute la nuit et il est toujours en cours mardi matin », a affirmé à l’AFP Martyn Boyers, le directeur du port de Grimsby, non loin du lieu de l’incident.
Autre sujet d’inquiétude : un membre d’équipage du cargo a disparu. Les recherches pour tenter de le retrouver ont été stoppées dans la nuit et il n’était pas immédiatement possible de savoir si elles allaient reprendre. Au total, trente-six membres d’équipage ont été ramenés à terre sains et saufs.
Cause encore floue
La collision a eu lieu à environ 16 kilomètres au large de la ville de Hull, dans le Yorkshire, sur la côte est du Royaume-Uni. C’est là que le pétrolier, Stena Immaculate — 183 mètres de longueur et 32 mètres de largeur — affrété par l’armée américaine, était à l’ancre. Il a été percuté par le porte-conteneurs Solong, battant pavillon portugais.
Les circonstances de l’accident demeurent inconnues. La branche britannique d’investigation des accidents maritimes (MAIB) a annoncé avoir envoyé une équipe sur place pour procéder à de premières constatations – ce seront toutefois les États-Unis et le Portugal qui seront responsables de l’enquête dans son ensemble. Le quotidien britannique Daily Telegraph indique pour sa part, ce mardi, en citant une source gouvernementale, que rien ne permet d’affirmer à ce stade qu’il est de nature criminelle, sans toutefois pouvoir l’exclure. Selon deux sources de sécurité maritime auprès de l’agence de presse Reuters, rien n’indique non plus que des actes de malveillance soient impliqués dans l’incident.
Les autres journaux britanniques ont aussi mis le sujet à la « une » ce mardi. « Catastrophe », s’alarme The Mirror, tandis que le Sun s’inquiète de ces « Feux de l’enfer ». Le Daily Mail quant à lui s’interroge : « Comment un bateau transportant du cyanure de sodium a-t-il pu percuter un pétrolier plein de kérosène pour l’armée américaine, en plein jour ? » Le cargo transportait en effet quinze conteneurs de cyanure de sodium, un gaz inflammable et très toxique, ainsi qu’une quantité non déterminée d’alcool, selon le site spécialisé Lloyd’s List Intelligence.
Inquiétude pour l’environnement
La situation inquiète par ailleurs pour des raisons écologiques. Car l’un des réservoirs du Stena Immaculate contenant du kérosène a été brisé, provoquant une fuite et faisant craindre d’importants dégâts environnementaux. Le navire transportait 220.000 barils de kérosène dans 16 réservoirs séparés, mais on ignore pour l’heure la quantité exacte de carburant qui s’est déversée dans la mer, a indiqué Crowley, le groupe de logistique américain exploitant le navire.
L’impact potentiel sur l’environnement est en cours d’évaluation sous la coordination de l’Agence maritime et des garde-côtes et d’un groupe de défense de l’environnement, a précisé le gouvernement britannique. Une surveillance a aussi été déployée dans les airs, par avion. Des produits et équipements visant à limiter l’étendue de la pollution – tels que des dispersants et des barrages flottants – sont en attente d’utilisation, a aussi fait savoir ll’exécutif, dont les agences se préparent à intervenir pour protéger l’environnement et la faune de la mer du Nord.
Selon des experts du secteur de l’assurance, les risques d’une marée noire pourraient être évités en raison de la nature des produits transportés par le Stena Immaculate. « Souvent, avec les pétroliers transportant du pétrole raffiné, la cargaison s’évapore et brûle, donc l’impact environnemental peut être moins grand que pour un transporteur de pétrole brut », explique un spécialiste de l’assurance.
L’ONG environnementale Greenpeace appelle plutôt à la prudence. Selon un porte-parole, il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences de cette collision sur l’environnement. « La magnitude et l’impact dépendront de plusieurs facteurs, comme la quantité et le type de pétrole transporté par le pétrolier, le carburant dans chaque navire, et quelle quantité s’est déversée dans la mer. Les conditions en mer et la météo seront également importantes pour déterminer les risques d’une marée noire », précise-t-il.
Paul Johnston, scientifique membre du laboratoire de recherche de Greenpeace à l’université d’Exeter, a par ailleurs rappelé : « Le kérosène qui a pénétré dans l’eau à proximité d’une zone de reproduction des marsouins est toxique pour les poissons et autres créatures marines. » Ce qui n’augure rien de bon.
(Avec agences)
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