De l’aveu de l’ancien Parisien Momo Sissoko, qui fut d’abord un joueur de Liverpool au cours de sa carrière, Anfield reste unique en son genre. “C’est indescriptible”, confie-t-il à RMC Sport. Le Paris Saint-Germain se déplace en Angleterre ce mardi (21h) pour la deuxième manche de son huitième de finale qui l’oppose aux Reds, vainqueurs sur le fil (1-0) à l’aller.
Le Paris Saint-Germain sera-t-il capable de réduire au silence la cathédrale d’Anfield, ce mardi (21h), en 8e de finale retour de la Ligue des champions? Battu (0-1) à l’aller, au Parc des Princes, le club de la capitale se présente aujourd’hui au pied d’une montagne et se souhaite de pouvoir en atteindre le sommet.
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Mais il lui faudra pour ce faire dompter un stade qui rugit, duquel se dégage une énergie mystique. “C’est un stade particulier avec une atmosphère très particulière. Il se passe quelque chose là-bas. C’est inexplicable”, explique à RMC Sport l’ancien joueur de Liverpool (2005-2008) et du PSG (2011-2013), Momo Sissoko.
“La devise ‘This is Anfield’ n’est pas un langage marketing. C’est un putain de stade”, relevait Pep Guardiola en 2019 sur l’atmosphère qui règne à Anfield lors des grandes soirées européennes.
“Tu es transcendé par l’atmosphère”
Dans ce conditionnement psychologique qui vise à atténuer la pression pour mieux favoriser la performance, Luis Enrique aura certainement prévenu ses joueurs de ce qui les attend, mais les Barcelonais étaient avertis eux aussi, le 7 mai 2019, ce qui ne les a pas empêchés de sombrer (0-4), happés par un tourbillon.
“J’ai ressenti ça une fois dans ma carrière”, à Anfield, confiait Mikel Arteta en 2022 pour le docu-série consacré à Arsenal sur Amazon Prime. “Le match se déroulait et soudainement, je ne voyais plus que des maillots rouge voler autour de moi, je ne pouvais plus jouer, j’étais sans réaction. Je ne parvenais plus, physiquement et émotionnellement, à gérer quoi que ce soit. Je n’ai ressenti ça qu’une fois au cours de ma carrière. C’était à Anfield.”
“Quand je jouais là-bas, c’est vrai que les supporters n’étaient pas rassasiés. Quand tu marquais un but, ils te poussaient tout de suite pour que tu en marques deux, trois…”, rembobine Momo Sissoko.
La science de Luis Enrique pour gérer les situations périlleuses en terrain hostile ne sera pas de trop pour affronter ce défi hors-norme. Il y a fort à parier que les joueurs d’Arne Slot montreront un tout autre visage dans l’antre de Liverpool ce soir, loin de l’équipe moribonde qui n’arrivait pas à enchaîner trois passes au Parc des Princes en première période, au plus fort de la domination parisienne.
“Tu es transcendé par l’atmosphère”, lâche un Momo Sissoko qui se revoyait presque revêtir la tunique des Reds. “Quand tu enfiles le maillot de Liverpool dans ce stade, tu es une autre personne en fait”, sourit.-il à l’autre bout du fil.
Tu es comme un super héros
“Pour être honnête, je n’ai ressenti ça nulle part ailleurs. On a l’impression d’avoir des super pouvoirs. Ce sont toutes les ondes dans le stade, et la manière que les supporters ont de te pousser à te surpasser.”
Pour l’équipe adverse, le simple fait de sillonner les quartiers de la ville jusqu’au stade plonge les joueurs dans une ambiance très particulière. Mais c’est à l’approche du coup d’envoi que tout se joue, et dans le couloir que l’on est saisi par une émotion qui peut tétaniser au moment de pénétrer dans l’enceinte.
“Tu le ressens quand tu arrives à Anfield. Quand tu arrives au stade, tu vois l’engouement. Quand les joueurs sont dans le tunnel, ils sentent le You’ll never walk alone. C’est là que tu comprends ou tu as mis les pieds. C’est juste extraordinaire. Il faut le voir pour comprendre exactement ce qui se passe dans ce stade.”
Un reportage du site The Athletic signale justement que l’ambiance aurait plutôt tendance à baisser en intensité ces dernières années. La démographie et la sociologie d’Anfield auraient changé, et l’âge moyen des supporters augmenté. Le tourisme sportif serait en partie responsable de ce phénomène.
Moins intense depuis quelques années?
Les curieux se pressent au stade et paient cher pour partager un moment d’histoire. Le débat a agité le Parc des Princes, quand des supporters se déplaçaient uniquement pour voir jouer Lionel Messi ou Neymar, mais pas forcément pour encourager le PSG. Cette saison, Arne Slot s’est déjà plaint de la réduction du volume sonore au stade, mais cela vaut surtout pour les affiches de moindre importance.
Reste que, dans un stade à réaction, qui a parfois besoin que ses joueurs l’incitent à faire trembler les gradins, un but rapide du PSG pourrait climatiser Anfield. Mais peu d’équipes y sont parvenues ces derniers temps. Liverpool a d’ailleurs remporté 14 de ses 19 derniers matchs de Ligue des champions à Anfield (2 nuls et 3 défaites).
Les Dogues lillois ont peut-être montré la voie à Paris. Réduit à dix en seconde période, le LOSC a certes subi la loi des Reds fin janvier (2-1), mais sans jamais sombrer, même en infériorité numérique. Peu optimiste pour Paris avant le match aller, Momo Sissoko croit les Parisiens capables d’un exploit compte tenu de ce qu’ils ont produit au match aller. “Paris a son mot à dire et va créer quelque chose.” De là à parler de victoire il n’y a qu’un pas, qu’il n’osera pas franchir avant le coup d’envoi.