Le bras de fer entre les États-Unis et le Canada ne cesse de se durcir. Le dernier coup en date a été porté par le président américain. Ce mardi, Donald Trump a indiqué, sur son réseau Truth Social, que son pays va imposer à partir de mercredi 50 % de droits de douane supplémentaires sur les importations d’acier et d’aluminium canadien, au lieu des 25 % jusqu’ici prévus.
Pour rappel, cette mesure avait été annoncée mi-février et concerne plus globalement tous les partenaires commerciaux des États-Unis, mais seul le Canada est soumis à ce niveau plus élevé. Un coup dur pour Ottawa, principal fournisseur d’acier et aluminium importés sur le sol américain, d’après les chiffres officiels.
Menace en cascade
La raison de ce durcissement américain contre son voisin n’est pas difficile à trouver. Plus tôt ce mardi, l’Ontario, la province la plus peuplée du Canada, a annoncé une surtaxe de 25 % sur l’électricité destinée à environ 1,5 million de foyers et d’entreprises aux États-Unis (dans le Michigan, le Minnesota et l’État de New York).
De quoi déclencher l’ire de Donald Trump, qui a accusé dans la foulée le Canada « d’abuser des droits de douane ». « Le Canada doit immédiatement renoncer aux droits de douane anti-fermiers américains de 250 % à 390 % sur de nombreux produits laitiers américains (…). Je vais rapidement déclarer l’urgence nationale sur l’électricité sur le territoire menacé », a écrit Donald Trump sur Truth Social.
Le président américain a par ailleurs menacé d’augmenter « sensiblement », dès le 2 avril, les droits de douane sur les véhicules importés aux États-Unis, si d’autres droits de douane imposés de longue date par le Canada « ne sont pas également abandonnés ».
Mais Doug Ford, le Premier ministre de la province de l’Ontario, ne vacille pas. Il a prévenu sur le réseau social X qu’il n’était pas question de renoncer à la taxe sur l’exportation tant que Donald Trump n’aura pas lui-même renoncé à imposer des droits de douane sur les importations de produits canadiens. « Le président Trump a sans raison déclaré une guerre commerciale et douanière avec le plus proche ami et allié des États-Unis. Tant que la menace persistera, nous ne reculerons pas », a-t-il écrit.
Nouvel appel à devenir le« 51e État américain »
Donald Trump a néanmoins laissé une porte de sortie aux Canadiens… s’ils devenaient américains, « il n’y aurait plus de droits de douane, ni rien d’autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d’impôts, ils seraient plus en sécurité (…) qu’avant, il n’y aurait plus de problème à la frontière Nord et la plus grande nation du monde serait plus forte que jamais », a écrit le président américain, qualifiant de « ligne artificielle » la frontière séparant les deux pays.
Depuis des semaines, le républicain ne cesse d’inviter son voisin à devenir le « 51e État américain ». C’est la « seule chose sensée » à faire, a-t-il encore appuyé ce mardi.
Le dirigeant américain a pourtant reçu une fin de non-recevoir à ce sujet, pas plus tard que dimanche. Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, à peine élu, a déploré dans un discours le fait que « les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays ». Et de mettre en garde : « S’ils devaient réussir, ils détruiraient notre façon de vivre. Aux États-Unis (…), il n’y aura jamais de droit à la langue française (…) La joie de vivre, la culture, et la langue française font partie de notre identité », a-t-il revendiqué.
Le nouveau Premier ministre monte au créneau
Plus globalement, Mark Carney a tenu un discours très offensif à l’encontre du président américain. « Donald Trump attaque les familles, les travailleurs, les entreprises canadiennes, nous n’allons pas le laisser réussir », a-t-il affirmé. Avant d’ajouter : « Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu’un lance le gant. Que les Américains ne s’y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera », en référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par le dirigeant américain.
D’autant que, si Donald Trump semble avoir tendance à l’oublier, c’est bien lui qui a donné le ton des hausses de droits de douane depuis son retour à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier. C’est en effet lui qui a lancé une guerre commerciale contre son voisin, en imposant la semaine dernière des droits de douane de 25 % sur des produits canadiens. Il a néanmoins suspendu la mesure quelques jours après, mais le Canada avait déjà répondu par des représailles tarifaires, qu’il a aussi mis sur pause suite à la volte-face américaine. Reste qu’il est difficile de savoir où s’arrêtera la surenchère. Et la soudaine décision de ce mardi le montre encore un peu plus.
(Avec agences)
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