Enseignement supérieur privé : une enquête interministérielle cible le groupe Galileo

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Enseignement supérieur privé : une enquête interministérielle cible le groupe Galileo





















Elisabeth Borne et Philippe Baptiste ont demandé à l’inspection générale d’enquêter sur le groupe Galileo.
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Le groupe Galileo est accusé de faire du profit au détriment des étudiants. Ce leader mondial d’enseignement supérieur avec 200 000 étudiants dans le monde est au cœur du livre enquête « Le Cube » de Claire Marchal. L’ouvrage dénonce des classes surchargées, la faible rémunération des enseignants, des cursus trop chers, et les bidouillages sur les taux d’insertion.

Les ministres de l’Éducation, Élisabeth Borne, et de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, qui ont reçu lundi 10 mars le président du groupe Galileo, ont annoncé dans la foulée qu’une inspection interministérielle serait missionnée « pour une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif ». Galileo Global Éducation, premier groupe mondial d’enseignement supérieur privé indépendant avec environ 200 000 étudiants dans le monde, est visé par une enquête journalistique publiée le 5 mars, qui décrit des dérives, avec un système pour maximiser les rendements. Marianne a également écrit plusieurs articles au sujet de la dizaine de groupes qui se partagent le marché de l’enseignement supérieur privé lucratif.

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Galileo, qui rassemble environ la moitié de ses sites en France, détient des écoles comme le Cours Florent en théâtre, l’EM Lyon pour le commerce ou l’école d’art Penninghen. Le livre Le Cube de Claire Marchal, paru mercredi 5 mars, met en cause le fonctionnement de ce groupe, avec des frais d’inscriptions très élevés, des baisses de salaires des enseignants et du volume de cours, et parfois des entorses à la sécurité des étudiants, tassés dans des classes surchargées. Le président de Galileo Global Éducation, Marc-François Mignot Mahon, avait été sommé de « venir au ministère s’expliquer » sur « les graves allégations dont fait l’objet le groupe qu’il dirige », avait auparavant indiqué Philippe Baptiste.

Le livre sort alors que deux propositions de lois ont été déposées pour mieux encadrer le secteur de l’enseignement supérieur privé lucratif. L’une vient du député PS Emmanuel Grégoire et l’autre du député Jean Laussucq (Ensemble pour la République). Cette rencontre a permis de clarifier en profondeur plusieurs points, s’est félicité dans la foulée Galileo Global Éducation dans un communiqué, assurant sa « volonté de collaborer étroitement avec les pouvoirs publics. » À la suite des « allégations du livre », le groupe a indiqué avoir remis aux ministres différents chiffres. « Depuis 2021, la rentabilité opérationnelle a été divisée par 4, passant de 12,8 % à 3,4 % », assure-t-il, face aux « insinuations de course aux profits ». Le groupe cite aussi les conclusions de son dernier baromètre de qualité indépendant Harris montrant que 77 % des étudiants les « recommandent ».

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Dans son livre, Claire Marchal évoque notamment le cas d’Emmanuelle, une ancienne salariée de LISAA, une école de mode à 30 000 euros les trois ans. Cette dernière avait pour principale mission de créer des partenariats avec des entreprises de son réseau, pour y placer ensuite les étudiants en stage ou en apprentissage, dans l’espoir qu’ils y soient embauchés à la suite de leurs études. « Sur le papier, cela ne devait pas être si difficile ! Mais l’école n’a pas une bonne réputation dans le milieu de la mode, donc ma mission s’est avérée bien plus compliquée que prévu (…) Tu as des jeunes qui sont là juste parce qu’ils sont de catégories socioprofessionnelles supérieures, et que la mode, c’est cool, et tout un tas d’élèves qui n’ont pas un rond mais pour qui c’est perdu d’avance. Ça me fait mal au cœur pour les étudiants. L’école leur pompe leur argent. »

À force d’optimiser les coûts de formation et de diminuer le nombre d’heures de cours, la qualité s’en ressent, tout le monde est sous pression, des plus hauts postes de direction aux commerciaux des centres d’appels. « Les étudiants, eux, se sentent considérés tantôt comme des clients, tantôt comme de simples produits de consommation. Leurs parents doivent payer, sans jamais avoir leur mot à dire. Le système capitalise sur leur inquiétude, leur envie d’assurer un avenir à leur progéniture », écrit la journaliste.

Comment obtenir des statistiques enviables ?

Pour conserver sa crédibilité, un établissement doit à tout prix prouver que ses formations débouchent sur un emploi assuré. Les taux d’insertion, c’est le nerf de la guerre. Mais comment obtenir des statistiques enviables, quand les formations deviennent plus ou moins low cost, sont dispensées dans des conditions si souvent médiocres, et créent des sous-diplômés peu recherchés ?

Certaines écoles ont trouvé la solution. « Les élèves les plus mauvais ne sont pas présentés à la certification », explique Hervé, l’un des anciens directeurs d’une école du pôle business. « Les plus mauvais, ceux dont on est sûrs qu’ils vont échouer, on ne leur donne que le diplôme d’école, un document en carton, qui ne veut rien dire, comme ça, on n’a pas de vrais taux d’échec », raconte-t-il.

La croissance est telle que les écoles et filières en animation se sont, elles aussi, multipliées. Un peu trop, peut-être. « On a trop d’écoles et trop d’élèves par classe », confirme Claire Lefranc. Au sein de l’association Les Intervalles qu’elle a fondée, elle analyse les données d’insertion professionnelle des étudiants en animation, et communique sur le manque de transparence de certains établissements : « On estime qu’il y a environ 3 000 étudiants qui sortent d’écoles d’animation chaque année en France, et on sait qu’ils ne trouveront pas de boulot, car il n’y a pas de travail pour tout le monde. »


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