Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël se comporte en terrain conquis dans le sud de la Syrie

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Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël se comporte en terrain conquis dans le sud de la Syrie





















Un char de combat Merkava de l’armée israélienne traverse la clôture de barbelés dans la zone tampon tenue par l’ONU séparant les forces israéliennes et syriennes sur les hauteurs du Golan, près du point de contrôle de l’ONU de Quneitra, le 2 mars 2025.
Jalaa MAREY / AFP

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Présent en force dans le sud de la Syrie, Israël a imposé une « zone d’influence » en interdisant l’accès de cette région à l’armée du nouveau régime de Damas, qualifié de « jihadiste-terroriste ». Objectif annoncé : contrer aussi les velléités expansionnistes turques.

Israël se comporte en terrain conquis en Syrie, un pays au bord de la désintégration et champ clos d’une guerre de position aux multiples acteurs comme la Turquie, l’Iran, le Hezbollah, sans compter les États-Unis de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine. Sur le terrain, Israël a déjà pris des gages sous forme d’une présence militaire sans précédent et sans limite de temps en territoire syrien. « Nous sommes là pour rester », a prévenu Israël Katz, le ministre israélien de la Défense.

Ces propos ont été suivis d’effets. Depuis la chute surprise de Bachar al-Assad au début décembre, Tsahal a pris ses aises. Les soldats israéliens sont déployés dans trois zones. Ils se sont installés sans coup férir dans la zone tampon de 5 km de profondeur sur le plateau du Golan, où étaient déployés des casques Bleus de l’ONU depuis un demi-siècle, ainsi que sur le Mont Hermon qui surplombe la vallée menant à Damas distant de quelques dizaines de km. Neuf postes militaires avec tout leur équipement ont été disséminés.

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« Chaque jour, quand al-Joulani (Ahmed al-Charaa, le président syrien par intérim) ouvrira les yeux dans son palais de Damas, il pourra constater que nous le surveillons du haut du Mont Hermon », a ajouté Israël Katz à propos du nouvel homme fort syrien que les dirigeants israéliens ne cessent de présenter comme un « jihadiste-terroriste ». Un deuxième secteur de 15 km de profondeur a été placé sous très haute surveillance. L’aviation israélienne y fait régulièrement le « ménage » en lançant des dizaines de raids contre des bunkers et des dépôts d’armes disséminés par le précédent régime.

Pour compléter le tableau, une « zone d’influence » a été imposée, qui s’enfonce de 65 km à l’intérieur du territoire syrien. Tsahal interdit l’accès à l’ensemble de ce dispositif non seulement à tous groupes islamistes du genre Hamas, Jihad islamique ou Hezbollah, mais aussi aux forces gouvernementales syriennes.

« Rapprochement » transfrontalier

Histoire de bien mettre les points sur les i, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a prévenu que l’armée israélienne se porterait au secours des Druzes, qui vivent dans cette région en cas d’attaques que pourrait lancer le pouvoir syrien comme celles qui ont coûté la vie ces derniers jours à des centaines de membres de la communauté des Alaouites. Au total, 40 000 Druzes résident dans les zones contrôlées par Tsahal.

Mais Israël veut aller encore plus loin dans ce « rapprochement » transfrontalier. Pour la première fois depuis la conquête du plateau du Golan lors de la guerre des six jours en 1967 et son annexion en 1981 par l’État hébreu, des centaines de Druzes syriens vont être autorisés, à partir de dimanche, à venir travailler dans l’agriculture et le bâtiment en Israël.

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Benyamin Netanyahou a également exigé une « démilitarisation totale » de tout le sud de la Syrie. Objectif : éviter d’être pris de nouveau par surprise comme cela a été le cas lors des massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël. Sur ce front, le Premier ministre espère obtenir carte blanche de Donald Trump. Le président américain avait déjà offert un « cadeau » d’envergure en 2019, lors de son premier mandat à la Maison Blanche, en reconnaissant l’annexion par Israël d’une partie du plateau du Golan alors que l’ensemble de la communauté internationale s’y refuse. En guise de remerciement, une nouvelle implantation israélienne installée dans cette région disputée porte le nom de « Trump Heights » (les hauteurs de Trump).

« Zone d’influence »

À plus long terme, Israël entend se tailler une « zone d’influence » en Syrie, un pays menacé par des guerres intestines entre des communautés à couteaux tirés. Ces divisions alimentent des appétits tous azimuts. Pour Israël, la priorité en avançant ses pions est de surtout contrer la Turquie, considérée comme le concurrent et l’adversaire, si ce n’est l’ennemi, le plus dangereux. Le président Recep Tayyip Erdogan, à la tête d’un parti islamiste, a en effet pris des positions en flèche contre l’État hébreu et soutenu le Hamas depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, tout en tendant d’imposer son hégémonie aux Kurdes dans le nord de la Syrie.

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La menace de la Turquie est jugée à ce point sérieuse que des responsables israéliens mènent depuis quelques semaines une discrète campagne de pression auprès de l’administration de Donald Trump en faveur du maintien de la présence militaire de la Russie dans deux bases navales et aériennes installées en Syrie. Objectif : faire contrepoids à la Turquie.

« Sous le régime de Bachar al-Assad, nous avons convenu avec Moscou d’un arrangement qui a très bien fonctionné. Lorsque nous attaquions en Syrie, nous prenions bien soin de prévenir les militaires russes de nos opérations en Syrie contre, par exemple des livraisons d’armes iraniennes au Hezbollah, ce qui nous a permis d’éviter de nous tirer les uns sur les autres », rappelle un diplomate israélien. Benyamin Netanyahou espère désormais que cette entente, qui a fait ses preuves va se poursuivre avec Moscou et surtout avec la bénédiction de Donald Trump.


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