Boire une mousse pourrait bientôt être plus cher aux États-Unis. « Avec les nouveaux droits de douane, qui font augmenter le prix des canettes, les grands industriels du secteur réorientent une grande partie de leur production vers les bouteilles », explique à l’AFP Bill Butcher, le fondateur d’une brasserie basée en Virginie.
Résultat : face à l’augmentation de la demande, son fournisseur lui a annoncé qu’il ne pourrait plus le livrer après le mois de mars. « Beaucoup d’incertitudes, beaucoup de chaos ont été introduits dans notre chaîne logistique », regrette le brasseur, installé non loin de Washington, la capitale fédérale. D’ordinaire, son entreprise a besoin d’environ 90 000 bouteilles par mois, le conditionnement de 70 % de sa production, le reste étant vendu en canettes. Selon Bart Watson, président de la Brewers Association, une organisation qui défend les intérêts des brasseurs artisanaux, « l’aluminium canadien compte en moyenne pour 10 % de la composition de chaque canette vendue aux États-Unis ». Et les brasseurs craignent que les surcoûts ne s’arrêtent pas là.
Un vent de panique similaire à celui connu à l’arrivée du Covid
Le président américain a multiplié les annonces fracassantes sur les droits de douane depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier. Il a accordé des sursis sur certaines catégories et provenances de produits, offrant un répit aux producteurs de bière qui redoutent de voir le prix de leurs ingrédients augmenter à leur tour. Donald Trump se dit toutefois toujours déterminé à taxer davantage les biens venant de l’étranger. Bart Watson souligne que les États-Unis ont importé pour quelque 230 millions de dollars de malt l’an dernier, la plupart destiné aux brasseurs artisanaux.
« L’essentiel de l’orge, céréale très souvent transformée en malt pour la bière, produite aux États-Unis est pré-acheté par les grands groupes ou fléché à l’export vers le Mexique », explique un fabricant de la Port City Brewing Company.
Les droits de douane sont payés par les importateurs basés aux États-Unis. Les brasseurs se préparent ainsi à encaisser le surcoût. « C’est impossible pour nous de prévoir notre activité, notre production, si on ne sait pas combien nos achats vont coûter », déplore le brasseur de Virginie. Pour le responsable de la logistique de son entreprise, les droits de douane peuvent être utiles quand ils sont ciblés. Mais la perspective de nouvelles taxes sur tous les produits crée selon lui un vent de panique similaire à celui qu’on a connu il y a cinq ans, quand le Covid est arrivé et a désorganisé les chaînes d’approvisionnement.
Les brasseurs artisanaux soulignent qu’ils n’ont pas de grandes capacités de stockage, et encore moins les liquidités nécessaires pour engranger emballages et ingrédients avant qu’ils ne deviennent plus chers. À cela s’ajoute l’incertitude sur le prix des canettes, soumises aux cours mondiaux : lorsqu’elles sont commandées, les brasseries ne savent pas combien elles seront facturées à la réception, plusieurs semaines plus tard.
La Près d’un milliard de dollars de bière européenne a été exporté aux États-Unis en 2023, selon l’OMC, soit plus de 40 % des exportations globales. Les Pays-Bas, où est situé le siège social du géant Heineken, sont le deuxième pays exportateur de bière aux États-Unis, derrière le Mexique, avec plus de 416 millions de litres exportés en 2024, selon des chiffres du département du Commerce américain, rapportés par l’association professionnelle américaine Beer Institute. Pour l’instant, la bière européenne n’est pas taxée par les États-Unis, selon l’OMC.
(Avec AFP)
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