Pékin se tourne finalement vers les consommateurs chinois pour atteindre les 5 % de croissance qu’il vise pour 2025. Le Conseil des affaires de l’État (gouvernement central) a présenté un « plan d’action spécial » visant à « soutenir la consommation de manière vigoureuse, d’élargir la demande domestique dans toutes les directions, améliorer la capacité à consommer en augmentant les revenus et diminuant les complications. »
Pour ce faire, Pékin a proposé d’augmenter les revenus des populations urbaines et rurales, tandis qu’une réforme du logement devrait permettre d’améliorer les revenus des agriculteurs. Le plan fait également un lien entre la consommation des ménages et des objectifs sociaux plus larges, comme une augmentation des pensions de retraite, la création éventuelle d’un système de garde d’enfants subventionné, et la protection légale des droits au repos et aux vacances des travailleurs.
Enfin, les institutions financières seront encouragées à accorder plus de prêts à la consommation aux particuliers. Les autorités souhaitent assouplir les limites actuelles fixées aux prêts, mais aussi les conditions de délivrance et les taux d’intérêt.
Une relance « structurelle »
« Ce qui change par rapport aux précédents plans, c’est l’aspect structurel des mesures de relance, note auprès de La Tribune Ariel Ying Wang, gérante actions chez Gemway AM. On ne parle plus de juste quelques subventions temporaires. On parle d’augmentation de salaires. C’est très positif pour les perspectives de croissance. »
La Chine a déjà annoncé plusieurs mesures de relance pour mettre fin à la crise immobilière qui touche sa population depuis 2022. Concernant la consommation intérieure, elle n’avait cependant mis sur la table que 20 milliards d’euros, l’été dernier, pour offrir des coupons à sa population afin de soutenir le marché automobile et celui de l’électroménager. Des mesures insuffisantes puisque les ventes de détail dans le pays, autrefois moteur de croissance, n’ont augmenté que de 3,5 % en 2024, contre plus de 7 % l’année précédente.
Trump menace les exportations
Jusqu’ici, Pékin pouvait compter sur ses exportations pour atteindre ses objectifs de croissance. En 2024, elles ont atteint un record de 3 400 milliards d’euros, soit une hausse de 7,1 % sur un an. Une performance qui a permis une accélération de la production industrielle de 5,8 % l’année dernière, contre 4,6 % en 2023.
Sauf que depuis janvier, les États-Unis ont chamboulé la stratégie de Pékin. Au cours des deux mois qui ont suivi son retour au pouvoir, Donald Trump a imposé une taxe supplémentaire de 20 % sur tous les produits chinois et un droit de douane supplémentaire de 25 % sur les importations d’acier et d’aluminium. Des surcoûts qui semblent avoir déjà freiné les achats de produits chinois. En janvier et février derniers, les exportations ont augmenté de 2,3 % sur un an, un résultat bien loin des 4,5 % anticipés par les analystes.
La vache à lait de l’ex-empire du milieu est donc mise à mal par le nouveau président américain. Mais les annonces du Conseil des affaires de l’État arrivent peut-être au bon moment. « La reprise de la consommation intérieure pourrait contrebalancer une éventuelle chute des exportations pour atteindre les 5 % de croissance visés », anticipe Ariel Ying Wang.
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Maxime Heuze