Dans « Une histoire des Girondins » (Perrin), l’historien Jean-Paul Desprat s’éloigne du mythe romantique pour explorer la réalité d’un groupe divisé, tiraillé entre idéalisme et pragmatisme. Il éclaire leur conception de la liberté et les raisons de leur chute face à la dynamique révolutionnaire parisienne. Un éclairage bienvenu sur un moment charnière de l’histoire, dont les échos résonnent encore aujourd’hui.
Dans son ouvrage Une histoire des Girondins (Perrin), Jean-Paul Desprat revisite la figure des Girondins en s’éloignant du portrait romantique brossé par Lamartine. Il déconstruit les mythes et met en lumière les divisions internes, les contradictions et les erreurs stratégiques de ce groupe révolutionnaire. Il revient sur les idées fausses qui entourent les Girondins, leur rapport ambivalent au modèle américain, et leur vision de la liberté, tiraillée entre idéalisme et pragmatisme.
Marianne : Votre livre revisite les Girondins en s’éloignant de l’image romantique de Lamartine. Quelle est, selon vous, la plus grande idée fausse à leur sujet ?
Jean-Paul Desprat : Lamartine, dans un style éblouissant, après avoir rassemblé une documentation étourdissante, a composé une fresque qui « constitue » les Girondins en un cercle de patriotes épris d’une absolue liberté, animés d’un enthousiasme déjà préromantique. Or, unis, les Girondins ne l’ont jamais été et c’est bien leur malheur. Ils n’ont pas su se constituer, sinon en « parti », du moins en club qui, à partir du moment où Robespierre les excluait l’un après l’autre du Club des Jacobins, leur devenait nécessaire pour drainer l’opinion. Ils étaient même rivaux, n’hésitant pas quelquefois à se contredire publiquement les uns les autres devant leurs collègues, à l’Assemblée.